Déjà avec son excellente position dans le rapport « GTI 2016 », la Mauritanie devait être enviée par pas mal de pays qui souffrent terriblement aujourd’hui du fléau du terrorisme. Comme pour l’année dernière, elle figure toujours parmi les pays où le terrorisme est déclaré « sans impact » : « No impact of terrorism », confirme encore le GTI 2017.
Signalons que deux années plus tôt, la Mauritanie figurait parmi les pays où l’impacte du terrorisme était estimé faible : « lowest impact of terrorism », selon les critères de l’IEP. Elle occupait la 107ème position dans le GTI 2015, l’année où le classement individuel par pays a commencé à être effectué de façon précise.
Le GTI, quel est son intérêt ?
Rappelons que le GTI (Global Terrorism Index), est en quelque sorte un instrument de mesure qui évalue la menace terroriste à travers le monde, en établissant un classement annuel des pays en fonction de l’activité terroriste observée sur leurs territoires.
De fiabilité mondialement reconnue, il s'agit d'un produit de l’ Institute for Economics and Peace (IEP) qui est un think tank indépendant basé à Sydney, en Australie. Il utilise des indicateurs chiffrables calculés sur l’année considérée, qui portent sur :
- le nombre d’incidents terroristes
- le nombre de victimes du terrorisme
- le nombre de blessés suite à des attaques terroristes
- l’évaluation des dégâts matériels causés par des incidents terroristes.
Le classement de cette année concerne 163 pays et, à peu après, autant l’année passée. Il est établi en termes de menaces. Autrement dit : autant les incidents terroristes et leurs conséquences sont graves, autant le pays considéré occupe une place avancée dans le classement. Par exemple, dans le GTI 2017 : l’Iraq, l’Afghanistan, le Nigéria, la Syrie et le Pakistan occupent respectivement les rangs : 1 ; 2 ; 3 ; 4 et 5.
Un fruit d’une vision stratégique nationale ambitieuse
Dans le GTI 2017, la Mauritanie a consolidé sa place parmi les pays « non impactés » par le terrorisme en améliorant sa position de 5 points : elle passe cette année à la 130ème place tandis qu’elle occupait la 125ème dans le GTI 2016.
Cette bonne position et son amélioration constituent le résultat d’une vision stratégique perspicace et d’un engagement, fort et courageux, en matière de politique sécuritaire, pris et entretenu depuis la fin de la décennie passée par ses dirigeants aussitôt que Ould Abdel Aziz est aux commandes du pays. Nous récoltons aujourd’hui les fruits de ses bons choix en termes d’image sécuritaire auprès de cet institut qui produit et manipule des outils et matériaux conceptuels qui alimentent la réflexion stratégique.
De bons arguments pour donner une perception juste de la sécurité dans le pays
Il est établi que la sécurité est d’abord est une question de perception toute relative. Elle se nourrit de tout et de rien : de menaces avérées, de rumeurs invérifiables, d’intoxications…
Pour séparer le bon grain de l’ivraie, les derniers rapports Global Terrorism Index concernant la Mauritanie constituent un bel outil à usage multiple.
Ils offrent de bons arguments dont peuvent se servir les étrangers, voyagistes et/ou passionnés du désert sahélien, qui désirent découvrir, sillonner la Mauritanie, ou y faire revenir les touristes occidentaux. Par exemple, Mr Maurice Freund et ses amis de Vision du monde ou Point- Afrique- Voyages, ou d'autres, y trouveront un moyen supplémentaire de persuasion pour vaincre les réticences de ceux qui hésitent à se joindre à leur projet « Vols pour Atar », par crainte du terrorisme. Et cela doit être le cas également des opérateurs nationaux du tourisme qui doivent concourir au succès de ce projet, sensé aider par la suite à attirer des touristes d’autres provenances et pour d’autres destinations dans le pays.
Plus globalement, les autorités mauritaniennes, politiques, administratives et militaires, de leur côté, doivent s’en servir pour combattre les fausses perceptions qu’ont pas mal de gens à l’étranger, populations comme gouvernants, au sujet de la menace terroriste dans notre pays. Certains membres du gouvernement, comme l’actuel Ministre des Affaires étrangères, se sont engagés résolument dans cette voie en exploitant les données du GTI partout où l’occasion se présente.
Communiquer davantage... et ne pas baisser la garde !
Malgré le travail efficace et louable du Ministre Isselkou Ould Izid Bih et des responsables qui se comportent comme lui, force est de constater qu’un grand effort reste à faire en termes de communication. Dans ce domaine, notre déficit est effectivement énorme malgré la présence de très bons matériaux dont les derniers rapports GTI. Des GTI dont nous devons être fiers; car ils témoignent de la pertinence de notre vision stratégique nationale qui a fait ses preuves en matière de sécurité à l’intérieur du pays. Il nous reste maintenant de la faire suffisamment connaître en dehors de nos frontières, partout où le besoin se fait sentir, notamment en Occident où les mauvais coups méditiques ne manquent pas à l'encontre des "pays faibles", "faibles" ici c'est au sens de la communication. L’effort devra être mis sur ses résultats, comparativement aux autres nations comme les présentent les rapports annuels de l’institut australien, l’IEP, en particulier ses deux derniers rapports : GTI 2016 et GTI 2017.
Cependant, toute communication politique ou militaire, bien menée et rassurante soit-elle, ne doit pas nous faire oublier le caractère imprévisible, donc omniprésent, des menaces dites "asymétriques". En particulier, une vigilance permanente vis-à-vis du terrorisme doit être observée sans relâche.Un mot d’ordre doit y présidr : ne jamais baisser la garde !
Colonel (E/R) El Boukhary Mohamed Mouemel
Président du COTES (Centre Oum Tounsi pour les Etudes Stratégiques)
category: