Espace : Et s’il s’agira à l’avenir de débris humains... !

Impensable qu’un être humain se perde et se désintègre, se fragmentant en mini morceaux dans l’espace extraatmosphérique ! Ce n’est pas parce que les Hommes n’y sont pas. C'est vrai que dans un milieu totalement hostile à la vie, ils sont encore très rares et très bien protégés.

Toutefois, la présence des spationautes[i] est de plus en plus fréquente à des centaines de km au-dessus de nos têtes, à bord de l’ISS[ii], à bord de stations et de navettes chinoises ou russes et, très certainement, sur d’autres engins envoyés par d’autres nations, ou groupes de pays, dans un avenir proche.

Et rien ne garantisse qu’ils soient totalement à l’abri d’un accident dramatique qui les laisserait à leur sort tourner infiniment dans l’espace. Le risque est d’autant plus à envisager que les équipages et leurs nombres sont de plus en plus grands à bord des engins spatiaux, et leurs séjours plus longs. Des nombres appelés à se multiplier du fait de la privatisation des lanceurs, entrainant ainsi davantage de risques.

En outre, en plus de l’exploration spatiale à des fins scientifique, stratégique, d’intérêt et de prestige pour les Etats, les voyages de l’Homme vers l’espace se privatisent et s’intensifient au point de devenir une industrie touristique attrayante. Elle reste cependant coûteuse et limitée à quelques rares personnes richissimes.

Elle annonce par ailleurs que l’implication du secteur privé dans la satellisation de l’Homme s’étendra à beaucoup de domaines de l’activité spatiale. Plus précisément, les sorties extravéhiculaires des astronautes, les opérations d’entretien et de réparation d’engins spatiaux effectués par ces derniers… en feront partie et augmenteront.

Dans ces conditions, je me permets d’imaginer l’inimaginable : Et si, pour une très grave défaillance technique du système, ou pour une raison ou pour une autre, des taïkonautes se trouvent subitement coupés définitivement du monde terrestre et de tout soutien humain, se transformant en amas de débris spatiaux !

 Ils présenteraient ainsi autant de risques et de menaces que la micrométéorite qui vient de frapper, il y a un mois environ, la navette russe Soyouz MS-22, arrimée à l’ISS. Le micro objet cosmique incriminé fait moins d’un centimètre et sa masse inférieure à un gramme. Malgré sa très petite taille, son impact a causé une fuite sur la navette, l’empêchant de ramener les cosmonautes sur Terre. Elle va rentrer vide.

Se fragmentant à l’infini, des hommes ou des femmes, perdus dans l’espace extra atmosphérique, se transformeront en centaines ou milliers de débris spatiaux qui présenteraient autant de risques que des micrométéorites. Que peut-on faire dans ces conditions ? Pleurer les morts et regretter les dégâts matériels !

Certains verront dans ce scénario inimaginable « une fantaisie intellectuelle terrifiante, catastrophiste et inutile». Je ne souhaite qu’une seule chose : que je me trompe et qu’ils aient raison.

Colonel (e/r) El Boukhary Mohamed Mouemel

 

 

 


[i] Les hommes ou femmes envoyés dans l’espace extra atmosphérique, sont appelés selon leur nationalité : spationaute pour les Américains, cosmonaute pour les Russes, astronaute pour les Français et les Européens en général, et taîkonaute pour les Chinois. Nous emploierons chacun de quatre termes pour souligner le caractère extranational et universel du risque.

[ii] international space station.

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