La privatisation de la satellisation d’êtres humains, progrès ou davantage de pollution spatiale qui n’épargne pas la Mauritanie ?

 Les applications de l’espace sont aujourd’hui à la portée de tout le monde. Qu’il s’agisse de communication, d’images spatiales, de téléconférences, de météo… les services satellitaires inondent la planète.

Facilitant l’intercommunication et l’accès à l’information de tout genre et tout azimut, la tendance s’est amplifiée énormément depuis une vingtaine d’années au point de saturation. On assiste effectivement à un niveau de surinformation poussée à l'extrême que  l'on qualifie parfois d'«infobésité».

Aujourd’hui, avec l’intervention réussie et fracassante du secteur privé  dans les systèmes de satellisation d’êtres humains, le monde franchit une nouvelle étape dans l’évolution de la conquête de l’espace extra-atmosphérique et ses applications et impacts sur la vie humaine.

Rien de surprenant...

Cette privatisation a des conséquences qui nous concernent tous. Bien qu'elle soit relativement récente, elle n’est cependant pas totalement surprenante, y compris pour nous Mauritaniens.

En  effet, en 2003, j’écrivais :

 « La recherche sur les vecteurs et leur développement relève d’une logique qui a toujours visé à offrir une plus grande souplesse dans l’emploi des lanceurs. Cette logique avait prévalu dans bien des domaines, notamment en matière d’infrastructures et de commercialisation. (…) En aval, cela conduit logiquement à la banalisation des applications de l’espace qui deviennent progressivement à la portée de tous les pays.  D’ailleurs cette banalisation est perceptible avec le développement de la compétition commerciale dont les lanceurs font l’objet. Son aboutissement sera l’émergence d’entreprises privées très compétitives en matière de satellisation. »[i]

Dix sept à dix huit années plus tard, l’entreprise américaine SpaceX, gagne un marché lancé par la NASA qui consiste à mettre en orbite deux spationautes. Depuis hier, ils sont en route pour l’ISS où ils resteront à bord de la station spatiale internationale pour quelques temps. Et l'on vient d'apprendre qu'ils sont sur le point d'arriver à destination: l'arrimage de leur véhicule sapatial à l'ISS est effectif depuis quelques moments.

Il faut dire qu’avant cette opération, le secteur privé américain était déjà bien présent dans la conquête de l’espace. Falcon réalisa le 28 septembre 2008 la mise en orbite d’un satellite d’observation malaisien. Depuis, plusieurs lanceurs privés ont vu le jour, comme des dizaines- (voire des centaines)- de lancements. Mais leur domaine d’activité était resté lié aux satellites.

S’agissant de la mise en orbite d’homme, l’opération en cours depuis hier est la première satellisation d'astronautes réalisée par une navette privée. La prochaine étape sera-t-elle la mise au point et la mise en orbite de stations spatiales privées habitées à usage commercial ? Probablement.

Mais c’est une autre question qui nous préoccupe vraiment : quelles conséquences de ce nouveau pas en termes de pollution spatiale ?

 La Mauritanie directement touchée par la pollution spatiale  !

En plus de de la pollution de la terre et des mers, ce sont des milliers d’objets issus de la consumation de fusées, de désintégration de satellites ou de leur désorbitation incontrôlée, qui flottent depuis quelques décennies au dessus de nos têtes, dans l’espace extra-atmosphérique. Ils ne sont pas seulement en augmentation constante au fur et à mesure que l'homme lance des engins spatiaux, ils se mettent de  surcroît en collision, se fragmentent en permanence, se multipliant ainsi à l'infini. Certains débris retombent fréquemment sur la Terre, suscitant des craintes et risques pour la sécurité des habitants des zones où se situent les points de chute. Notre pays n’en est pas épargné.

Il y a quelques semaines, en effet, des débris d’un satellite chinois tombèrent dans les eaux territoriales mauritaniennes.  Mais ce qui est frappant, c’est le peu de réactions qu’a suscitées le phénomène. Du côté des autorités, un silence total, alors que l’opinion publique ne semble être au courant de rien. Les quelques rares reprises et commentaires de l’information par des organes de presse privés locaux ont véritablement eu très peu d’impacts.  Et Il ne faut pas s’en réjouir.

En effet, notre vie sur Terre dépend de l’hygiène de l’espace extra-atmosphérique. Or celle-ci est de plus en plus menacée. Avec la forte émergence du secteur privé dans le domaine des lanceurs, qui vient d'atteidre un stade très élevé avec la satellisation d'être humain, la situation risque d'empirer davantage. Bien sûr que les débris spatiaux vont continuer de plus belle à se multiplier.

Mais il y'aurait pire comme risque, même si la probabilité est très faible et très grave au point d'être impensable: rien ne puisse garantir que l'on assistera pas un jour à une catastrophe inimaginable, où les débris spatiaux seraient constitués d'astronautes, ou de morceaux d'astronaute, perdus dans l'espace !

S'adresser au Bon Dieu et prier, c'est tout ce qui restera à faire face à une situation pareille.

Qu'Allah nous en préserve et préserve l'humanité.   


[i] Lieutenant-colonel El Boukhary Ould Ahmedou Ould Mohamed Mouemel : la banalisation de la militarisation de l’espace, enjeux et applications des satellites artificiels à l’ère de la mondialisation, juin 2003, Impression AIB, Tevragh Zeina Nouakchott; ( un ouvrage tiré à une centaine d’exemplaires, à titre expérimental).

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