‘’La plus grande victoire, qu’un homme ou un pays puisse remporter sur lui même, c’est celle de vaincre ses propres démons.’’
Dans quelques jours, nous allons fêter le 59ème anniversaire de notre pays. Nous avions beaucoup de richesses, d’autres plus importantes viendront s’y ajouter dans un proche avenir Inch’Allah. Nous avons aussibeaucoup de ressources humaines ici et à l’étranger. Nous sommes juste un peu plus de quatre millions d’habitants. Ayant tant d’atouts entre nos mains, il suffitde nous armer de courage, defoi en notre patrie, de sagesse dans nos actes, pour fournir à notre pays et à notre peupleun avenir radieux etléguer à nos aux générations futures un cadre harmonieux pour poursuivre l’œuvre accomplie par les générations passées malgré le peu de moyens dont elles disposaient. Pour arriver à atteindre cet objectif, il suffit simplement de ‘’vaincre nos propres démons.’’
Il n'y a que cinquante neuf ans que la Mauritanie existe en tant qu'Etat souverain. A la veille de l'indépendance, les régions de l'ouest et du sud mauritaniens étaient des populations qui entretenaient de puissants liens commerciaux, sociaux, culturels et de sang avec le Sénégal depuis au moins quatre siècles. Les régions de l'est entretenaient des liens de la même nature avec le Mali voisin auxquelles elles furent administrativement rattachées jusqu'en 1945.Les actuelles régions du centre et du nord entretenaient des relations du même type avec les voisins marocains et algériens
Toutes les ethnies et tribus de Mauritanie ont des prolongements dans ces différents pays. C'est dire combien l'enfantement de cet Etat a été réalisé aux forceps et parfois au bout de très grandes fâcheries et difficultés avec nos voisins.
Une équipe de patriotes au-delà de ses différences ethniques, tribales, régionales et des handicaps ci-dessus cités a, ‘’contre vents et marées’’, décidé de porter sur les fonds baptismaux ce pays comme un enfant congénitalement fragile. Chacun a su taire certains particularismes comme cadeau à cet enfantement difficile.
La conception de la première constitution, de l'hymne national, des armoiries de la République, du type de régime, du nom du pays, du drapeau… ne se sont faits que grâce à la volonté de tous de faire des concessions douloureuses, mais dynamiques et patriotiques.
Si je suis revenu sur cette genèse, c'est pour dire combien ce pays est fragile et combien les pères fondateurs ont toujours tenu à sa cohésion, malgré tous les écueils rencontrés au cours de la période où ils en avaient la charge. Pourquoi me dira-t-on la Mauritanie est plus fragile que ses voisins? Je dirais que c'est uniquement pour des raisons historiques.
Au nord, l'Etat ottoman a toujours maintenu en Algérie et en Tunisie des administrations centralisées. En Algérie La France démettra le Dey et l’érigera en colonie, la Tunisie sera mise sous protectorat et Le Bey restera en place jusque 1957 et sera déposé par Bourguiba qui érigera le pays en République. Au Maroc et en Libye, des pouvoirs dynastiques avaient des makhzens ou administrations, bras séculiers qui contrôlaient leurs territoires et leurs frontières. Les pays africains voisins étaient fortement administrés par la puissance coloniale depuis longtemps, parce qu'ils constituaient des réserves de richesses économiques importantes, et elle y avait implanté des comptoirs commerciaux dirigés par ses ressortissants. La colonie de Mauritanie ne présentait aucun avantage économique. Les recettes du territoire ne couvraient pas le cout de son administration. J’ai lu à ce propos des JO des années « 50 » car ils recèlent beaucoup d’informations sur la gestion du territoire de la Mauritanie.
Sa colonisation tardive n'a commencé qu'avec le début du siècle précédent et pour des raisons uniquement stratégiques puisqu'elle était est devenue un no man’s land dangereux constituant un foyer de tensions entre les colonies du nord et celles du sud. De 1920 à 1960, le territoire était administré à partir de la colonie voisine. Une simple police nomade commandée par des officiers qui se déplaçaient sous forme de groupements montés et quelques subdivisions greffées aux vieux ksour du pays administraient cet immense territoire.
Certaines populations n'auront jamais vu un Européen jusqu'au départ de ces derniers de Mauritanie ! Aucune infrastructure n'a été léguée au pays, pas même une ville suffisamment urbanisée qui pourrait devenir une future capitale. Cette dernière fut créée ex nihilo après la proclamation de l'indépendance du pays. C’est à partir de la pose de la première pierre que la France commencera à nous financer énormément sur tous les plans.
Depuis la première République, et à moins de vouloir occulter l'histoire, on peut dire que tous les ingrédients et sous tous les régimes ont été réunis pour que le pays disparaisse de la carte. Je n'arrive pas à trouver une raison cartésienne – une seule - au fait qu'il soit encore debout et par quel miracle, si ce n’est une Baraka, don d’Allah. Des lézardes et des événements douloureux ce sont passés dans le pays après son indépendance. Jusqu'aujourd'hui, le pays a résisté miraculeusement à tous les coups que nous et ses voisins lui avions assenés.
Tout autour de nous et à nos frontières un pays frère, le Mali, aurait été rayé de la carte si la France n’avait agi rapidement. Un autre pays frère et proche, le Sénégal, a été à deux doigts de le suivre dans cette voie et n’aurait été son élite, ses chefs traditionnels et religieux, son peuple entier et un dernier sursaut de clairvoyance de son vieux chef de revenir à la raison qui ont évité la catastrophe.
Un autre pays voisin frère et cher à tous les Africains, la Côte d'Ivoire, et malgré les efforts immenses faits par son président continue à ne pas connaitre la paix totale après plusieurs années de guerres civiles. Sur notre flanc nord, les foules qui ont fait l’expérience ‘’des printemps arabes’’ ont été spoliées de ‘’leurs victoires’’, et sont devenues les victimes d’une coalition contre nature entre les rescapés des régimes anciens et des partis proches des mouvements islamistes. Selon les organismes financiers internationaux, la facture des dégâts économiques varient d’un pays à un autre et tournent entre dix, vingt, trente à quarante ans de recul de leurs économies.
Dans notre pays et pour les raisons historiques citées ci-haut, nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de tentatives qui présentent le plus infime risque de violence même verbale. Notre seul salut est de revenir à cette sagesse des pères-fondateurs
Aujourd’hui, le terrorisme et les guerres civiles prennent pied au Maghreb et au Sahel. Les premières bourrasques tentent d'atteindre notre pays. Y aura-t-il encore des patriotes pour éviter qu'elles deviennent des ouragans emportant tout sur leur passage : Notre pays fragile, nos espoirs d’avoir un avenir radieux grâce à toutes nos importantes richesses et notre stabilité actuelle qui rassure nos populations, nos bailleurs et nos investisseurs de plus en plus nombreux, ou serons-nous les premiers à ouvrir les digues qui permettront au tsunami de détruire l’œuvre de toutes nos générations ?
Nouakchott, novembre 2019
Brahim Salem Ould Elmoctar Ould Sambe Dit ‘’Ould Bouleiba’’.
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