Polyglotte, l'ambassadeur Isselkou ould Ahmed Izid Bih manie aussi bien la plume que la politique, ou les formules et théorèmes mathématiques qu'il a enseignés dans son pays comme dans d'autres universités du monde, notamment en France et aux Emirats arabes unies. Son engagement et son attachement à sa langue maternelle, l'arabe, n'ont d'égal que sa grande ouverture d'esprit et l'intérêt profond qu'il porte pour la diversité dans toutes ses formes, politique, linguistique et culturelle. Dans son pays d'abord, mais également à travers le monde.
C'est en substance ce qu'il souligne qu'il relance un débat plein d'enjeux, qui accompagne la Mauritanie moderne depuis son existence. Et probablement bien au delà.
Son posting suivant et les réactions qu'ils suscitent indiquent que le sujet est loin d'être clos. (La rédaction , Mauriactu.onfo).
"Du nécessaire respect des langues
L’usage abusif de la langue de Molière par certains politiciens mauritaniens pour s’attaquer à la langue du coran, l’une des six langues officielles de l’ONU et langue maternelle de la majorité des Mauritaniens, souvent en quête d’une notoriété improbable ou d’un emploi public pour lequel les minima requis sont parfois désespérément absents, constitue une quadruple imposture. En effet, un tel usage est irrespectueux à l’endroit d’une langue quotidiennement utilisée par plus d’un milliard d’êtres humains de par le monde, dans leur expression spirituelle, il porte également ombrage à la langue française dont les promoteurs, dans le cadre de l’OIF, cherchent inlassablement à en faire le vecteur privilégié de la diversité culturelle et de la tolérance doctrinale, il porte aussi préjudice à la propre langue maternelle de l’auteur de cet abus, car s’attaquer injustement à une langue, quelle qu’elle soit, c’est s’attaquer indirectement aux 6200 langues du monde actuel.
Quant à l’exercice de la politique, sa règle cardinale consiste à s’assurer d’un “mandat”, clair de préférence, et de soutiens électoraux avérés, avant de s’ériger en défenseur d’un communautarisme rendu caduc par les implacables verdicts successifs des urnes...
La plus saine des attitudes à l’égard d’une langue quelconque -spécialement dans un pays multiculturel- consiste à l’apprendre pour s’enrichir de son background littéraire, s’en servir comme levier de diffusion des valeurs universelles et pour contrer les relents de haine inhérents à la “nature humaine”...
La Mauritanie peut facilement devenir le pays de l’excellence linguistique tous azimuts, à travers l’apprentissage qualitatif de ses langues nationales et des principales langues internationales, pourvu que l’on déleste le débat politique domestique d’un avatar hérité des périodes d’exception. Seule une telle exigeante ambition mérite d’être promue auprès de l’intelligentsia et de la jeunesse mauritaniennes."
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