Une thérapie de crise réussie pour le gouvernement

              Les pays en voie de développement sont fortement mais différemment impactés par la crise engendrée par la chute vertigineuse des prix des matières premières. La Mauritanie, en raison du poids de son secteur minier dans l’économie nationale, s’en trouve incontestablement affectée. Personne ne peut le contester. Mais personne ne peut aussi contester, qu’en regard du bilan exhaustif et tangible présenté par le premier ministre devant le parlement, la thérapie mise en œuvre  pour  contrecarrer les effets délétères de cette crise mondiale a donné les résultats escomptés, à savoir : Préserver  et potentialiser les grands acquis déjà enregistrés, et adjoindre  de nouvelles réalisations, non moins importantes, qui ont embrassé,  l’année 2015 ,tous les secteurs socio-économiques, culturels, diplomatiques et sécuritaires.  Ce bilan hautement positif dans une conjoncture  particulièrement difficile est en réalité  la résultante, le couronnement  de deux principes  concomitants.

Le premier  tient au rôle  dévolu à l’Etat dans le cadre de  la politique économique initiée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz depuis 2008. Contrairement à une politique libérale outrancière, qui a montré son inanité, aussi bien chez nous qu’ailleurs,  l’Etat n’est plus un simple spectateur de la vie économique. Il est au contraire  investi du premier rôle en surveillant, en maitrisant, en corrigeant au besoin  le marché dont les réactions sont souvent erratiques et sauvages ; un Etat développeur et stratège, garant des services publics et de l’intérêt général,  facilitant l’égalité d’accès à tous les citoyens, gage d’une pleine citoyenneté moderne. Cette intervention directe du gouvernement a donné les résultats escomptés en contrecarrant les effets nocifs de la crise. Ce qui n’a pas empêché   certains rhéteurs abstraits lovés dans leur subjectivisme radical pour des raisons politiciennes ou simplement par pure ignorance , de critiquer au niveau du parlement cette thérapie gouvernementale, tantôt en niant les résultats pourtant patents, tantôt  en se réfugiant derrière  l’ambivalence célèbre de la langue d’Esope : la meilleure des choses quand il s’agit de soutenir le pouvoir d’achat des populations , de financer les projets de développement et la sécurité du pays, et la pire des choses quand il s’agit  de mieux recouvrer sans complaisance aucune  les impôts rationnellement établis. Comme si nous étions dans «  cette société idéale » qui ne fut et ne sera jamais !

Le second principe, c’est mieux dépenser les ressources de l’Etat en déclenchant une  lutte implacable contre la gabegie qui s’est insinuée  fortement  dans notre inconscient collectif  à un niveau, si profond, que l’on pouvait se demander, avec effroi, si son extirpation était encore réalisable. Pourtant le pari a été largement atteint par le Président de la république : la voie aux dérapages a été cadenassée, les dépenses publiques réduites à leur minimum nécessaire, les budgets gérés en toute transparence, les scolioses sociales énergiquement combattues, les réfractions de la répartition des fruits de la croissance verrouillées. Toutes ces mesures ont conduit à une bonne gestion des recettes d’exportation  de nos produits miniers amassées au cours des « cinq glorieuses » de 2009 à 2014. La gestion rigoureuse de ces entrées substantielles a permis  la réalisation des grands projets de développement que le pays a connus. Projets qui ont permis, entre autres, à nos secteurs économiques, la pêche, l’agriculture et  l’élevage, d’augmenter de manière notable leur apport respectif  dans le budget de l’état  et au niveau de la balance de paiement ; ils ont en outre permis  l’émergence  de PME ( petites et moyennes entreprises)  génératrices de revenus au niveau de tout le pays,  tempérant ainsi l’onde de choc  de la crise. La prospection d’autres créneaux susceptibles d’apporter un surcroit pour notre économie, comme récemment celui des Awqafs resté à son état primitif, s’inscrit parfaitement dans cette volonté d’élargir, autant que faire se peut, le segment de nos activités génératrices d’emplois et de recettes.

Si les pouvoirs publics ont pleinement rempli la mission qui leur est dévolue par la disponibilisation des infrastructures nécessaires et en assurant le climat de sécurité, préalable à tout investissement, force est tout de même de constater que le rôle du secteur privé d’une manière générale mériterait d’être plus visible quant à la recherche de partenariat avec l’étranger, en particulier en saisissant les facilités octroyées par l’Etat au niveau de la zone franche de Nouadhibou et à l’intérieur du pays. Les citoyens, pour leur part, doivent reconsidérer en profondeur, à l’instar de tous les peuples du monde, leur train de vie et acclimater leurs mentalités aux exigences de cette crise. Une crise dont les   effets pervers  n’épargnent  aucun peuple et dont nul ne peut prévoir ni la durée ni tous les effets négatifs. C’est pourquoi, la sagesse populaire et l’intérêt suprême du pays doivent dicter la conjugaison des réflexions et des efforts de  tous les mauritaniens.  N’est-ce pas là un objectif éminemment exaltant, plus que n’importe quel autre,  pour engager un dialogue national sur ce sujet ?

                                                Docteur Abdallahi Ould Nem

Connexion utilisateur