Une mission diplomatique n’est pas une EVASAN !

Mon ami Hama vient de m'expliquer les soucis sanitaires de son fils de 10 ans qu'il chérit beaucoup, et la façon avec laquelle il compte les régler.  En l'écoutant, j’ai eu d’abord l’impression qu’il y a pas mal d’amalgame, dans notre subconscient collectif en ce qui concerne la gestion des ressources humaines. Puis, mon sentiment s’est vite transformé en certitude, en pensant aux mouvements des personnels travaillant dans le domaine diplomatique.

 Il n’est pas rare, en effet, qu’une mission diplomatique se vide de son contenu de service public, parfois hautement stratégique, pour devenir une voie d’accès à des faveurs sanitaires pour celui qui en a la charge. N’a-t-on pas fréquemment appris que la nomination de tel homme, ou telle femme, à un poste à l’étranger est principalement motivée par son besoin de se soigner ou soigner un membre de sa famille dans les hôpitaux ou centres médicaux du pays d’accueil !

 Autrement dit : la mission diplomatique se transforme en évacuation sanitaire, « EVASAN », comme on dit dans le jargon militaire. Quel gaspillage de ressources humaines !

Il y a lieu de corriger ce gâchis. Une mission diplomatique, n’est pas une EVASAN, et encore moins un refuge ou lieu de repos pour les malades. Il faudra courir à d’autres voies et moyens pour les traiter. Leur assurer leurs droits dans ce domaine en est une, en appliquant et améliorant les textes en vigueur. Mieux : elle est la meilleure.

Cependant, rien n’empêche l’Etat d’accorder des faveurs sanitaires, au cas par cas. Elles doivent néanmoins être bien cadrées institutionnellement, d’une manière qui établisse des critères de sélection, justes et transparents, des malades à évacuer à l’étranger.  Par la même occasion, la nature et le volume des aides ou avantages, financiers et matériels, qu’ils sont susceptibles de recevoir à ce titre, doivent eux aussi être cadrés par les textes, et correctement appliqués.

Sans quoi, c’est l’arbitraire qui s’installe avec ses corollaires d’injustice et d’exclusion, de corruption et de favoritisme.

Faire face aux dérapages et laxisme en matière de gestion des ressources, au sujet de questions vitales, sanitaires ou diplomatiques, constitue un aspect important de la bonne gouvernance. Ce qui requiert de prendre les dispositions idoines, juridiques et règlementaires, et de veiller scrupuleusement à leur application.

El Boukhary Mohamed Mouemel.

category: 

Connexion utilisateur