Un hélitreuillage réussi à Boumdeid, vivement la suite…

Nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS) viennent de réussir un hélitreuillage salvateur pour un enfant menacé de noyade à Boumdeid. Nos populations découvrent ce mode de sauvetage. Et tout le monde en est ému de joie et de fierté. Bravo à toutes et à tous.

Sous d'autres cieux, il s'agira d'action tout à fait ordinaire, voire banale, comme en témoignent les images et reportages Tv qui défilent sur nos écrans, notamment ces jours-ci.

Mais dans notre pays, c'est une prouesse. Il faudra que ça change. Habituons-nous aux opérations secouristes par hélitreuillage et par d’autres modes opératoires. Mettons-y ce qu'il faudra : moyens matériels et humains et surtout formation et information.

C'est vrai cependant que posséder un hélicoptère fut une prouesse chez-nous. Il a fallu, en effet, attendre plus de 20 ans après l'indépendance du pays pour en avoir. Les « pères fondateurs » n’en faisaient manifestement pas une priorité stratégique ; ce qui, paradoxalement, ne les empêchera pas de mener une guerre très controversée au Sahara Occidental.

Nos premiers hélicos furent acquis sous le régime de Maawiya, bien après la fin de la guerre.

Maintenant que nous en possédons, faisons-en bon usage. La Protection civile doit avoir les siens. En attendant, ses membres doivent être équipés et formés à mener ce genre d'opérations qui n'est pas sans risque. Combien de fois un hélitreuillage a tourné au fiasco !

Dans les périodes d’hivernage, il est également judicieux, sur le plan opérationnel, de redéployer les moyens d’intervention dans et ou à proximité des zones à risques. A défaut d’avoir des hélicoptères dans toutes les villes ou régions, on pourrait en pré positionner dans quelques sites stratégiques. En mettant l’effort sur les zones les plus exposées aux inondations, et en plus de NouakchottKifa, Kaédi, Rosso et Atar nous semblent parmi les endroits les mieux indiqués pour accueillir des moyens d’intervention rapide.

Nous sommes trop en retard dans ce domaine.

Le succès de l'hélireuillage à Boumdeid ne doit pas nous faire oublier les dangers que comporte ce genre d'interventions souvent délicates. Seuls les entraînements réduisent les probabilités d’échecs ou d’accidents dramatiques. Les forces aériennes et les services de la Protection civile sont appelés à s'y engager. Pourquoi n’institutionnalisent-ils pas leurs liens, en signant des accords communs dans ce sens ?

Si c’est déjà fait, rendre tout le dispositif public, (pré positionnement et accords), aidera à sa mise en application et constitue un gage supplémentaire de succès. Car un citoyen bien informé collabore mieux à ce qui touche à sa sécurité et à celle de ses concitoyens.

Nous sommes trop en retard dans ce domaine.

Au Sénégal, une coopération fructueuse est en marche entre les FDS et les services de la Protection civile. Et la population l’accueille avec enthousiasme, le cas échéant. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, eux, dotent les services de protection civile de moyens aériens qui leur sont propres. Ils possèdent des panoplies de moyens aériens, variables selon les besoins et possibilités de chaque Etat : hélicos, Canadair, appareils de reconnaissance…

Inspirons-nous des expériences de nos voisins, du sud comme du nord :

  • Dans un premier temps, établissons de bonnes stratégies de coopération entre les services concernés (Protection civile et FDS) et dotons-les des équipements de base (gilets de sauvetage, dispositifs d'hélitreuillage...) ;
  • Puis, dans une seconde étape, mettons au point une stratégie de moyens à même d’équiper les femmes et les hommes de la protection civile des moyens aériens et savoir-faire indispensables à leur métier.

Les ressources financières attendues de l’exploitation du gaz devraient en partie aller dans cette voie.

Colonel (e/r) El Boukhary Mohamed Mouemel

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