Un 3ème mandat pour Jemil Mansour : le débat change de camp !

Les  partis du FNDU ne souhaitent pas que l'on abandonne le sujet d’amendement constitutionnel, évoqué depuis quelque temps, en vue d’annuler la limitation des mandats du Président de la république. Ils y puisent quelques cartouches pour alimenter leurs armes et discours politiques à court de munitions à même de vaincre l'adversaire ou de l'affaiblir.

Seulement, le thème est de moins en moins porteur. Il ne semble plus susciter autant d’intérêt qu’il y a quelques semaines. La controverse à ce propos, entre des franges de la majorité d’un côté et l’opposition de façon générale de l’autre, s’estompe, en effet, de plus en plus rapidement. Elle s’amenuise, fondant au moindre signe ou indicateur mettant en doute les rumeurs ou déclarations qui lui ont servi de point de départ. Tandis que ces signes se multiplient, venant de plusieurs directions, la question apparait progressivement comme un faux problème.

Or, au moment où ce faux-débat sur des changements constitutionnels hypothétiques baisse sérieusement d’intensité, perd beaucoup de son intérêt et s’effrite, une autre controverse sur la limitation d'un autre genre de mandats politiques surgit de là où on ne l’attendait pas. Elle provient de l’un des partis constitutifs du FNDU.

 Violente, elle vient d’exploser subitement comme une mine piegée au sein de TAWASSOUL, la branche mauritanienne du mouvement des Frères musulmans. Au cours d’un meeting tenu samedi passé à Boutilimit, l’un de ses élus, le maire d’Ajouer, Mohamed Ould Abdel Jelil, a demandé la modification des textes du parti afin de permettre à Jemil Ould Mensour, son président actuel, de briguer un troisième mandat. Les réactions au sein du parti ne se sont pas fait attendre. Contrastées, certaines sont souples ou conciliantes alors que d'autres sont vives et tranchantes. 

Dans la première catégorie, Jemil Mansour, qui ne semble pas surpris outre mesure par la proposition de Ould abdel Jelil, a voulu calmer les ardeurs de ses amis antagonistes. Il a parlé de "plaisanterie de la part du maire d’Ajouer qui, selon lui, a tout simplement voulu  tâter le pouls" des membres et cadres du parti par rapport à une telle éventualité. A  l'opposé de Jemail, et en lui répondant, le Vice-président de du parti, Mohamed Ghoulam Ould El Haj Cheikh, qui n’a pas la langue dans sa poche, et qui cache mal ses ambitions pour remplacer l’actuel patron, a qualifié les propos du maire de « plaisanterie de mauvais goût qui doit être retirée » et a exigé des excuses de la part de Ould abdel Jelil. Des demandes auquels ce dernier n'a pas manifestement voulu répondre. .

Il faut reconnaître cependant que Tawassoul est quasiment le seul parti en Mauritanie qui a inscrit l’alternance dans son règlement intérieur, en limitant les mandats du Président du parti à deux, chacun de 5 ans. Maintenant saura-t-il respecter et préserver ces dispositions réglementaires ? C’est le seul choix qui s’offre à lui, nous semble-t-il. Et cette alternative et ce débat sur un troisième mandat pour le président de TAWASSOUL font que la bataille de succession de Jemil Mansour est d’ores et déjà lancée. Elle s’annonce acharnée, voire impitoyable.

D’autre part, il y a lieu de rappeler que le seul parti qui pratique effectivement l’alternance est le parti au pouvoir, l’UPR. Depuis sa création, il a changé trois fois de président, si nos calculs sont bons.

Il faut avouer enfin que, comme mauriactu  l’a déjà démontré, les partis politiques dans notre pays, s’identifient, chacun, à une personne. De ce fait, toute formation politique est généralement perçue par ses propres dirigeants et adhérents, et par les citoyens, comme une propriété privée de cette personne dont elle porte officieusement le nom : « le parti de monsieur tel… ». Dans ce cas, parler d’alternance à la tête de nos partis est tout simplement hors de propos.

El Boukhary Mohamed Mouemel

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