Mon pays, la Mauritanie, vient de passer pour la première fois et par miracle la grande épreuve de la démocratie, l’alternance pacifique au pouvoir. Mais certaines leçons doivent être tirées de cette expérience. La plus essentielle est celle de mettre en place le processus politique global qui permettra de « pérenniser » les acquis tels que la liberté de l’exercice politique, renforcer l’indépendance de la justice et la pratique démocratique
Il est à noter dans ce contexte que la mise en place d’institutions, qui auront pour rôle de prendre en charge ledit processus, dotées de structures appropriées et efficaces est sans nul doute un pré-requis de toute action de développement.
La Mauritanie étant un « pays du Sud », est classé aujourd’hui parmi les pays sous-développés selon les chiffres des Nations Unies avec un revenu annuel par tête ne dépassant par 1.130 dollars US malgré les ressources qu’il détient et qui si elles sont adéquatement valorisées peuvent l’aider à sortir du sous-développement.
Ces ressources dont les matières premières à savoir le fer exploité de l’indépendance à sa nationalisation, par la Miferma, société française, qui avait mis en œuvre un procédé classique et rudimentaire qui est celui d’extraire le minerai brut et de l’expédier vers les hauts fourneaux européens qui tournent à l’énergie nucléaire pour en produire à un coût réduit des produits finis revendus à des prix très rentables. La SNIM, société en charge de l’exploitation du minerai de fer, continue, depuis sa nationalisation, à produire le minerai brut de la même manière et avec le même procédé et le vendre sous sa forme brute sur un marché international dont les prix sont volatiles et fixés à l’étranger. La SNIM exploite donc cette ressource (le minerai de fer) qui devient voilà une vingtaine années la principale recette du budget de l’état, détournée donc de son but à savoir la participation active au développement économique du pays. Mais la chute vertigineuse du prix du fer sur le plan international au cours de la dernière décennie, sans compter la timide reprise actuelle, tend à devenir un risque potentiel pouvant entrainer, à l’instar de beaucoup de ses consœurs à travers le monde, la fermeture de cet important gisement qui constitue le poumon de l’économie nationale.
La SNIM a donc besoin aujourd’hui plus qu’hier d’un plan de sauvetage qui devra être initié par les pouvoirs publics qui fera de notre fer un véritable levier de notre développement.
Si on prend l’exemple de l’accord de l’exploitation signé avec BP, on peut dire que la Mauritanie en sort gagnante avec une recette de 10% et sans engager la moindre ouguiya. Cela n’est-il pas valable pour le fer. Pourquoi ne pas chercher une multinationale crédible et lui confier l’exploitation du minerai de fer et en tirer un bénéfice considérable qui sera utilisé dans d’autres secteurs.
Certains Mauritaniens vont me rétorquer que la SNIM est un fleuron national, bien que beaucoup d’experts aussi bien nationaux qu’étrangers qui ont analysé la situation actuelle de cette société en disent autrement.
Tous les pays rentiers comme le notre s’attellent dans leurs stratégies de développement à moyen terme à injecter les fonds dans la ressource humaine (la formation) car selon la plupart des analystes économistes du Nord le facteur humain peut avec le capital entrainer la croissance escomptée.
Force est de constater que notre pays, qui connait une stagnation économique, pour ne pas dire un recul depuis son indépendance, doit aujourd’hui mettre en place une stratégie basée sur le développement du facteur humain en consacrant un grand investissement à la formation.
Tous les observateurs, y compris la Banque Mondiale, avancent que la Mauritanie connait aujourd’hui un déficit en main d’œuvre qualifiée dans tous les secteurs. Le niveau et le nombre de nos techniciens sont donc assez bas pour accompagner notre stratégie de développement.
Certains dans le secteur de l’enseignement parlent de l’inadéquation de la formation et de l’offre de l’emploi. Mais je pense que le problème n’est pas à ce niveau car la formation dispensée dans nos établissements de formation est très rudimentaire et obsolète… la meilleure solution pour avoir une main d’œuvre qualifiée c’est de former les étudiants à l’étranger dans des centres spécialisés dont la formation est axée sur les technologies avancées, et c’est aux pouvoirs publics de décider en réaffectant les sommes faramineuses qu’ils attribuent au département local de la formation technique au budget de formation à l’étranger.
Certains me diront que fermer les écoles de formation c’est mettre au chômage beaucoup d'enseignants. Il s’agit pour moi de « recycler » ces enseignants en les mettant à la disposition des écoles primaires pour y enseigner les bases théoriques de la technologie et des métiers pour mieux mettre notre jeunesse au diapason de la profession.
Jemaldine CHEIKH MED EL-MAMY
Economiste et Consultant
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