C’est quasiment en larmes que Lorent Fabius a dévoilé, il y a quelques heures, le projet d’accord Cop 21. L’émotion du ministre français des affaires étrangères était très perceptible, surtout au moment où, dans son mot de présentation, il prononça les mots : « circonstances historiques", avant qu'il n'enchaîne par : « (...) projet d’accord ambitieux et équilibré », « juste, durable, dynamique et juridiquement contraignant (...) ». Il qualifiait ainsi le projet d’accord dont il annonçait la finalisation. Juste à sa droite, et légèrement en retrait, apparaissait, sur les écrans TV, sa concitoyenne Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, du Dévéloppement durable et de l'Energie. Elle, elle exprimait sa satisfaction à sa façon : le buste bombé, le visage radieux, elle manipulait par moment les touches de son téléphonne portable avec un leger sourire aux lèvres, tout en balayant la tribune et la salle de conférence d'un regard profondement expressif.
Ils ont raison, les deux ministres français d’être fiers du travail accompli au Bourget sous la présidence de leur pays. Au terme de deux semaines d’intenses tractations entre les ministres et délégations de 195 pays le projet d'accord propose de maintenir un seuil de réchauffement « bien en deçà de 2 °C », en s’efforçant de le limiter à 1,5 °C, envisage une « nécessaire coopération sur les pertes et dommages », et fait de la somme de 100 milliards de dollars promis par les pays du Nord d’ici à 2020 une somme « plancher » pour après 2020, avec un nouvel objectif chiffré défini en 2025… Très nombreux en effet, sont ceux qui doutaient de pouvoir obtenir des résultats pareils.
Maintenat que l'on y est, cela doit être réjouissant, non seulement pour la France, mais pour tout le monde. Et c’est manifestement le cas, si l’on se réfère aux réactions émanant des principaux acteurs dans ce doamine. Les deux pays les plus gros pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis, ont exprimé leur satisfaction. Il en va également de même pour les institutions ou organismes non gouvernementaux. Par exemple : des organisations de la société civile, y compris des ONG très exigeantes en matière d’écologie, comme Greenpeace, ont salué ce projet qui, marque en réalité "un tournant historique" comme l'a dit M. Fabius. Il va falloir maintenant le faire passer dans les deux ou trois heures suivantes au niveau des 195 délégations. L’optimisme est permis.
Toutefois, des voix dissonnantes ne manqueront pas de se faire entendre. Certaines se manifestent déjà, qualifiant le projet de ''déception'', de ''manquant d'ambition''. Elles ont en partie raison : l'énormité du chantier écologique, de la lutte contre le déréglement climatique, fait qu'il reste beaucoup de chemin à faire. Néanmoins le signal de départ est donné, et la route balisée de jalons verts, même si beaucoup d'autres restent à planter.
El Boukhary Ahmedou Mohamed Mouemel