Les scientifiques s’apprêtent à sonder les mystères des pyramides d’Egypte en les « scannant » grâce à des instruments embarqués sur drones. La décision a été annoncée, avant hier au Caire, par Mamdouh el Damaty, ministre égyptien des antiquités. Et depuis, elle a été largement relayée par les médias.
Une mission internationale… et un usage de techniques inspirées de l’industrie aérospatiale
Il s’agit d’une mission scientifique internationale, baptisée « Scan Pyramids » qui commencera début novembre pour se terminer fin 2016 . Comme son nom l’indique, la technique de scannage y est dominante. Mais plus globalement, les techniques utilisées sont largement inspirées de l’industrie aérospatiale.
HIP Institut (Héritage, Innovation, Préservation), une association française à but non lucratif a été chargée de la piloter. C’est elle qui l’a initiée, conçue et coordonnée en collaboration avec la Faculté des ingénieurs de l’Université du Caire. Son financement est assuré par du mécénat.
C’est un autre aspect qui nous intéresse…
Au-delà de l’intérêt scientifique de l’évènement, et de l’engouement qu’il suscite chez chercheurs et universitaires, l’information nous donne l’occasion de souligner les différences de rythme et de caractéristiques qui distinguent deux des principaux segments, ou vecteurs si l'on veut- qui composent l’observation aérospatiale : drones et satellites.
Des rythmes variables dans l’évolution des concepts d’emploi
Les drones, avions sans pilotes, ne font pas seulement que du renseignement militaire. Ils ont énormément d’applications civiles, qui sont mises en œuvre à travers le monde de façon de plus en plus répandue et banalisée. Il s’agit d’une évolution dans les concepts d’emploi de ces appareils comparable, d’une certaine façon, à celle qu’ont connue les satellites artificiels, depuis la première opération de satellisation réussie par l’homme, avec la mise en orbite par l’URSS de Spoutnik 1 en 1957.
Chez les drones, notons quand même que cette évolution s’est faite à un rythme beaucoup plus rapide et à une échelle bien plus large.
Au départ, et durant les deux premières décennies de leur existence, les satellites d’observation étaient quasiment une exclusivité pour les militaires et pour les systèmes de renseignement au niveau de deux superpuissances de l’époque. Puis, l’emploi de l’imagerie spatiale à des fins civles, scientifiques ou commerciales, s’est propagé progressivement pour exploser aujourd’hui, avec la fin de la guerre froide, la mondialisation et les NTIC. Les drones sont venus compléter et améliorer les services des satellites, les ''bousculant'' prfois. Je ne dirais toutefois pas qu’ils leur ravissent la place, les deux technologies étant complémentaires et les systèmes généralement intégrés.
Les satellites sont adaptés pour recueillir des renseignements globaux, sur de vastes zones par exemple, ou dans des zones inaccessibles pour les appareils aéronautiques – pour des raisons politiques. Les drones, eux, sont tout particulièrement indiqués dans les domaines requérant de très hauts niveaux de précision de l’information, comme par exemple les renseignements sur les champs de bataille ou dans des études très pointues comme celle des pyramides d’Egypte soulignée plus haut.
Avantages et défauts comparatifs
Comparés aux satellites, les drones offrent beaucoup plus de souplesse et de flexibilité. On peut envoyer un drone à tout moment de la journée ou de la nuit dans l’espace aérien ; l’exploitant peut le faire circuler dans tous les sens, et le réutiliser à sa convenace autant de fois qu'il le voudra. Le fait qu’il peut jouer aisément sur les paramètres de vol présente en outre beaucoup d’intérêt, notamment en ce qui concerne l’approche de l’objectif et sa couverture, ainsi qu’en matière de résolution d'images.
En plus de ces avantages d’ordre technique, le drone est certainement l’un des appareils aérospatiaux les moins couteux aujourd’hui, du point de vue rapport : coûts/rendement.
Tout le monde est capable de posséder un ou plusieurs drones : les Etats, les organisations, les entreprises, les personnes- y compris les enfants… tous peuvent s’en procurer. Les coûts d’un drone sont très viables selon sa configuration qui change suivant les besoins : drones militaires, drones d’observation scientifiques comme ceux destinés à scruter les pyramides d’Egypte, drones jouets destinés aux enfants…
Par contre, la possession d’un satellite et son suivi ne sont pas à la portée de tous les pays. Et son lancement dans l’espace exige lui aussi beaucoup de compétences et de ressources techniques, ainsi que des infrastructures technologiques complexes. Ces contraintes et exigences réunies font que seules quelques nations dans le monde sont capables aujourd’hui de mettre des engins en orbite. C'est le ''club'' encore étroits des puissances spatiales.
En outre, une fois le satellite lancé, il ne sera plus possible de le faire revenir sur Terre. Aucune possibilité donc pour changer sa configuration, en cas de besoin. Si on a besoin par exemple de remplacer ou de modifier des instruments à son bord, on n’a pas d’autre choix que de renoncer, ou de lancer un nouveau satellite et l’équiper des charges utiles que l’on voudrait envoyer dans l’espace. Également, une fois satellisé, on n’aura plus la possibilité de changer sa trajectoire orbitale, ni en direction, ni en altitude. Tout au plus, quelques petites corrections sont opérables.
Toutefois, l’emploi d’un stellite ne comporte pas de contraintes ou de restructions sur le plan politique.
En effet, un engin spatial, contrairement à un avion, un drone, ou une montgolfière, ne présente aucun caractère ‘’inrtrusif’’, l’espace extra atmosphérique échappant à la souveraineté des Etats. Un avantage que lui donne le droit international, notamment le traité onusien de 1967. Ce traité stipule que l’accès à l’espace et son exploitation sont libres, que son appropriation par les Etats est interdite. Donc les satellites peuvent se déplacer librement et en toute légalité, en passant au dessus de tout point de la Terre sans être accusés de ‘’violation de l’espace’’ des pays survolés. Et c'est ce que qu'ils font tous les jours .Aucun pays et aucune région n'échappent aux objetifs de leurs instruments.
Nous sommes en permanence surveillés ; et on ne peut rien contre ! El Boukhary Mohamed Mouemel.
http://www.lemonde.fr/culture/article/2015/10/25/des-drones-pour-percer-...