Aujourd’hui, de retour chez-moi après avoir préparé le nécessaire pour la nouvelle rentrée scolaire de mes deux enfants, Sidi et Raja, j’ai lu ceci sur la page d’un correspondant sur face book :
« Mali: Rentrée scolaire 2017-2018, ce sont 500 écoles qui n'ouvriront pas leurs portes et plus 150 mille enfants qui seront encore privés d'éducation dans le nord et centre du pays. Ce sont les villes de Kidal, Segou, Tombouctou, Mopti et Gao qui sont principalement touchées.
Ces dizaines de milliers d’enfants paient ainsi le prix fort dans un contexte où la violence et l’insécurité persistent dans cette partie du pays. La privation de leur droit à l’éducation a atteint un seuil critique. Voici l'une des bonnes actions que le Jihadisme au Mali lègue à l'avenir de ses enfants. Cela doit cesser!!!!! ».
Ce petit texte de quelques lignes et la photo de salle de classe totalement vide qui l’accompagne m’ont profondément interpellé: de mille et une manières.
Plus spécialement, ils m’ont mis en colère contre une bonne frange de l’élite politique de mon pays.
En effet, certains de nos bouillonnants politiciens ont sorti récemment, des déclarations officielles où ils félicitent le gouvernement malien suite à sa décision d’abandonner un projet de modification constitutionnelle qu’il avait voulu mener. Et ils continuent de le citer comme modèle, uniquement à cause de cela, et en faisant pas mal de tapage médiatique là-dessus.
Pourquoi leurs visions et leurs ambitions pour ce pays voisin, qui nous est si cher, se limitent-elles à se réjouir d’un renoncement de portée toute relative ?
En effet, côté malien, ne s’agit-il pas d’une décision très conjoncturelle, circonscrite dans le temps et dans l’espace, et dont les retombées bénéfiques sur les pays voisins et sur la région sont fort limités, pour ne pas dire nulles?
Côté mauritanien, pourquoi est-ce que mes compatriotes qui ont salué avec tant de vacarme ce fait, ignorent-ils le Mali et ses principaux défis à ce point ? Pourquoi ne réagissent-ils pas par rapport à la triste situation sécuritaire qui fait souffrir les générations futures de ce pays, et que rappelle le « posting » sur face book repris plus haut? Pourquoi ne se soucient-ils pas de l’éducation des enfants maliens au nord, au centre et dans d’autres régions du pays, qui sont empêchés d’aller à l’école à cause du terrorisme, de conflits interethniques et des formes d’insécurité y afférentes ?
J’adresse ces questions aux « boycottistes » mauritaniens qui refusent de participer à tout ce qui est consensuel et ou objet de partage entre la très grande majorité des acteurs de la vie publique dans le pays : dialogues politiques inclusifs, concertations, élections, référendums... J’entends par là interpeller les leaders de l’opposition mauritanienne dite « radicale » pour leur dire :
Vous dirigeants du FNDU, vous anciens sénatrices et sénateurs de la majorité devenus subitement opposants « frondeurs », vous soi-disant militants de la société civile qui marchent dans le sillage du FNDU, vous leurs amis et leurs alliés… pourquoi vous vous taisez sur cet aspect ?
Si vous vous souciez du Mali, de l’intérêt de ses populations, de son avenir et, donc, de ses générations futures, ne fermez pas les yeux sur les vrais défis de ce pays voisin : ce qui le touche nous touche forcement.
Ne cherchez pas en détournez l’attention au profit de vos petits calculs de politique politicienne, internes, bien à vous, en instrumentalisant un fait ou un événement de la politique malienne très secondaire comparativement aux défis majeurs, et qui, de surcroît, ne vous concerne pas vraiment ?
Prenez plutôt de la hauteur et dirigez votre regard sur les questions géo stratégiques fondamentales qui préoccupent réellement le peuple malien et qui impactent, notre pays et toute la région du Sahel et même le monde. Je pense évidement aux défis sécuritaires. Avancez des idées constructives pour les surmonter, formulez des propositions, citez de bons exemples accessibles au Mali dans ce sens.
Ayez par exemple le courage et l’honnêteté intellectuelle de citer la Mauritanie, de souligner la pertinence de la vision stratégique de ses dirigeants actuels en matière de politique sécuritaire. Appuyez et soutenez son rôle fondateur et déterminant dans le « G5 Sahel » et son rôle d’avant-garde partout ou le défis de la lutte antiterroriste au Sahel est soulevé, que ça soit dans un cadre multilatéral au niveau des instances régionales ou internationales, ou au niveau de ses relations et rapports bilatéraux.
En fin rassurez-vous : ce témoignage de reconnaissance envers votre pays et sa mise au service de nos frères maliens, que je vous propose de faire, ne vous empêcheront pas de vous opposer au président Aziz et à son régime et à aspirer au pouvoir. Bien au contraire, en agissant de la sorte, votre discours d’opposants dignes de respect gagnera en crédibilité : vous montrerez ainsi que vous êtes capables de vous comporter en adversaire mûr, responsable et éclairé, en un acteur politique sérieux qui distingue le bon grain de l’ivraie.
Pour ce faire, débarrassez-vous de ce comportement infantile qui vous a toujours handicapés, et qui consiste à prouver que vous ne disposez que d’une capacité de nuire. En lieu et place du pouvoir de nuisance, qui est à la portée de tout le monde, et que personne ne vous conteste, montrez surtout que vous êtes capables de construire.
C’est sur vos aptitudes de force construction, de force de propositions pertinentes, que vos concitoyens et les autres vous jugeront. Attachez-vous à développer ces aptitudes, à leur donner une bonne visibilité. Et Dieu sait qu’elles en manquent terriblement aujourd’hui, en ce qui vous concerne !
El Boukhary Mohamed Mouemel
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