Notre pays n’a pas attendu la proposition de Monsieur Mohamed Ibn Chambas(*), le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, pour organiser un dialogue inclusif entre les acteurs politiques mauritaniens. Deux dialogues ont été organisés, sur initiative du président de la république, Mohamed Ould AbdelAziz, en 2011 et en 2016, et qui ont vu la participation de la majorité écrasante des partis politiques et des organisations de la société civile du pays.
C’est dire donc que le dialogue, en tant que valeur démocratique, est et a toujours été une préoccupation profonde du président Aziz. Il l’est parce qu’il épargne à notre classe politique de consumer son énergie, de gaspiller ses talents et de dilapider ses atouts dans des querelles byzantines ; il l’est aussi parce que notre temps est celui de l’imprévisible, notre univers celui de l’illisible et notre environnement celui des défis de tout acabit qui requièrent conjonction des forces et unité dans l’action ; il l’est enfin parce qu’il permet l’ancrage de l’esprit qui doit dominer la vie publique démocratique: le sens du possible, la modération du langage, la tolérance, la pondération, l’acceptation de l’autre, pour ce qu’il est, pour le plus grand de notre bien commun.
En un mot, parce que le dialogue politique est pour le président Aziz une nécessité rationnelle, une valeur de civilisation qui conduit à l’accord, à la convergence, au consensus.
Mais la réussite de tout dialogue, à l’instar de la danse du tango, requiert deux parties animées par la même volonté comme gage de la réussite commune ; deux parties qui se parlent et s’écoutent pour harmoniser davantage leur action .
Malheureusement, si les pouvoirs publics n’ont ménagé aucun effort pour la réussite du dialogue, l’opposition extrémiste a toujours opté pour la fuite en avant en arguant des raisons oiseuses. Tantôt en exigeant la satisfaction préalable de certaines revendications fallacieuses avant l’ouverture de tout dialogue ; tantôt en refusant la participation aux élections survenues après le dialogue de 2011 où toutes les conditions de transparence et de démocratie étaient réunies : une CENI indépendante, une liste électorale remise à jour, un état-civil biométrique, des observateurs nationaux et étrangers … tantôt en se voulant illico tout et demandant tout, y compris un gouvernement d’union nationale, alors que la loi d’airain en politique est la représentativité obtenue à partir des élections locales ou nationales.
Ainsi donc, on ne peut imaginer politiquement, nulle part que dans l’attitude de cette opposition extrémiste, paradoxes plus saisissants, antinomies plus formelles, contradictions plus stridentes. Une opposition laminée de surcroit par des contradictions intestines et par les luttes de chapelles qui réduisent à une coquille vide l’institution de l’opposition démocratique qui lui confère un statut légal d’interface avec le pouvoir.
Nous laissons à Monsieur Chambas, de par sa qualité de grand diplomate et d’homme politique averti, le soin de juger l’attitude paradoxalement peu démocratique de cette opposition extrémiste. Des pans entiers de cette opposition jusqu’au boutiste ont tiré avant lui les conclusions qui s’imposent en la quittant et en participant activement et effectivement aux dialogues de 2011 et d’autres, non moins représentatifs, les ont rejoints récemment en 2016 pour contribuer avec l’ossature des forces politiques du pays aux résultats pertinents du dialogue national inclusif.
Docteur AbdallahiOuld Nem
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(*) Monsieur Mohamed Ibn Chambas, de nationalité ghanéenne, est le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS),
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