Le dialogue, cette valeur démocratique sublime

    Ce n’est pas un  article démesuré politiquement, concocté dans un style emphatique déterré pour l’occasion des bas fonds  poussiéreux de Mai 68,  qui arrêterait le processus inexorable du déclin politique et moral de notre opposition extrémiste. Ni altéré encore moins l’importance du dialogue politique lancé par le président Aziz, et qui résonne, par sa pertinence et son bien fondé, au plus profond de la conscience collective de la quasi-totalité des mauritaniens.

Céder à la démesure, pour parler sobrement, c’est une attitude politique qui est loin d’être une altitude intellectuelle à la mesure d’un cadre d’un certain niveau, ayant assumé de hautes fonctions dans l’état mauritanien et dont le soutien politique au régime actuel a été jusqu’ici indéfectible.

Céder à la démesure politique, quelque en soit la raison, c’est se laisser emporter par la force maléfique du verbe et par l’ivresse des concepts qui avilissent et défigurent toute réflexion politique sereine et constructive. Surtout quand il s’agit d’un sujet  éminemment important comme le dialogue politique.

 Ce dialogue politique, maintes fois réitéré par le président Aziz, est  une valeur démocratique sublime,  une opportunité historique pour les mauritaniens, au-delà de leurs différences politiques, de se parler et de s’écouter dans un nouveau style fondé sur la modération du langage, la tolérance, l’acceptation de l’autre ; une opportunité historique pour les mauritaniens réputés pour leur maturité politique de mettre une sourdine à leurs querelles carnassières et à leurs affrontements stériles dans lesquels toute l’intelligence de ce pays est gaspillée, toutes ses forces  dilapidées, ses énergies consumées et ce, dans un monde en pleine mutation, dans un environnement immédiat qui requiert le rassemblement et la cohésion, et la conjonction de tous les efforts, en vue de l’extirpation  du terrorisme et des passions identitaires délétères. Et ce n’est pas si peu comme nobles objectifs nationaux.

Telles sont les raisons profondes qui motivent les appels répétés  du président de la république pour un dialogue inclusif, sans préalables ni sujets tabous. Et ce n’est pas la cacophonique sarabande déclenchée sans raison par une certaine opposition extrémiste vautrée dans son nihilisme politique, ni la musique d’accompagnement et les feux d’artifice  de ses « nouveaux thuriféraires », qui viendront ébranler la ferme conviction du peuple mauritanien pour qui le dialogue est, plus qu’une sinécure, une noble attitude politique et morale, une valeur de civilisation.  

Mais les hommes comme disait Montaigne «  corrompent par leur maniement des choses qui d’elles mêmes sont belles et bonnes ». Le dialogue n’échappe pas à cette règle de passion humaine. 

Certains, numériquement très réduits, y voient à tord  les ressorts d’une opération  subtile de politique politicienne tendant à masquer une « situation de crise » que traverse le pays. Mais cette allégation mensongère est démentie de manière péremptoire par les incommensurables réalisations enregistrées  par le pays depuis 2008. Politiques. Sociales. Economiques. Culturelles. Sécuritaires. Diplomatiques.

D’autres, ou plutôt les mêmes,  y voient  une volonté voilée visant la révision de la constitution, en particulier dans son article relatif au nombre des mandats présidentiels. Mais pour quoi aller rapidement en besogne dans ces supputations et ne pas attendre la tenue des assises du dialogue pour défendre  librement et démocratiquement le cas échéant ce point de vue ?  Comme d’ailleurs ceux qui ont un point de vue contraire, et qui est loin d’être un sacrilège, loin s’en faut,  ont le même droit de défendre librement et démocratiquement leur point de vue.

En réalité dans le dialogue politique d’une manière générale, le facteur non pas unique, tant s’en faut, mais décisif, c’est la volonté des deux parties. Et c’est là où le bat blesse aujourd’hui en Mauritanie :une certaine opposition  voulant devenir illico tout, par le biais de ce dialogue, au mépris du rapport de forces  sur le terrain, cette loi d’airain en démocratie. Elle veut aussi masquer son dépérissement politique notoire par des alibis puisés dans les eaux glacées du calcul égoïste et dans la face sombre de l’individualisme calculateur, qu’expriment à jour frisant des conditionnalités irréalisables qu’elle ne cesse de galvauder à cet effet.

Mais aujourd’hui comme naguère et naguère comme jadis, il y a toujours des détracteurs qui charrient à dessein des verres grossissants pour isoler une grande décision politique de son contexte réel, dénaturer et travestir de grands objectifs par le truchement d’alibis oiseux. C’est sans compter que le peuple mauritanien pétri de culture, suffisant mur politiquement, fait la juste part  entre le vrai et le faux, le bon grain et l’ivraie, les réalisations concrètes et la « parole verbale ».

 

                                        Docteur Abdallahi Ould Nem

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