Malheureusement, l’indulgente amnésie de notre société et l’absence de notre mémoire collective effacent jusqu’aux souvenirs des événements majeurs qui ont jalonné notre histoire glorieuse. Même un évènement de l’ampleur du 06 Aout 2008, qui fut une part de notre honneur national, une étape indélébile de notre histoire contemporaine, une action salvatrice du pays ne reçoit pas l’éclat qu’il mérite. Pourtant, comme dit Cicéron : « Si tu ne sais pas d’où tu viens, tu seras toujours un enfant ».
Et nous devons savoir d’où nous venons ? Il doit continuer à résonner au plus profond de notre conscience collective, tant la situation qui prévalait ce 06 aout 2008 était très grave : un présent qui scellait à l’époque beaucoup d’angoisse et un avenir qui faisait peur. La Mauritanie était écartelée entre ces « situations extrêmes » évoquées par Paul Valéry, desquelles pouvait sortir le pire comme le meilleur.
Le pire, c’était la poursuite de l’ancien régime qui rechignait à s’attaquer frontalement aux problèmes du pays pour se réfugier dans l’indécision des choix non assumés caractérisée par les méthodes de l’esquive, de l’évitement et du contournement comme mode de gestion des problèmes têtus de la nation; la déliquescence et l’impéritie de l’Etat étaient de notoriété publique; la dégénérescence de notre tissu social était manifeste ; l’insécurité patente exposait le pays aux coups de boutoir répétés des organisations terroristes ; l’économie était exsangue, alors que son fleuron, la SNIM, était destinée à la vente. Plus grave : l’unité de notre armée, la première institution garante de notre existence et notre cohésion, était visée.
Dans ces conditions, le pays s’acheminait allégrement sur la voie savonneuse du délitement et de l’effritement, exactement comme l’ont été ultérieurement certains pays frères, à la faveur de l’anarchie consécutive au « printemps arabe ».
Le moindre mal était précisément de mettre fin sans coup férir à ce régime décadent responsable de cette situation explosive dans laquelle était englué le pays. Heureusement que là où croit le péril croit aussi, grâce à Dieu, ce qui sauve. Et certains hommes courageux étaient là pour remplir pleinement cette mission historique salvatrice.
Ainsi, comme il l’a fait humblement en 2005 sans tambour battant, le président Mohamed Ould AbdelAziz avait réussi, ce 06 Aout 2008, ce que VonRanke laissait à la providence : « créer l’histoire contemporaine de son pays par une action salvatrice ».
Une action qui transcende les contraintes historiques d’alors pour assurer la postérité de son pays en retissant urgemment une nation effilochée et décontenancée.
Il fallait d’abord régler l’épineux problème du passif humanitaire pour que la Mauritanie retrouve son unité nationale, la pierre angulaire de la république autour de laquelle nous devons tous se rassembler ; une unité nationale aujourd’hui qui renvoie à notre cohésion nationale, à notre aptitude à vivre ensemble, à notre capacité à nous réunir sur l’essentiel.
Il fallait aussi mettre sur rails un processus électoral libre et transparent avec la participation active et effective de toute notre classe politique à travers l’accord de Dakar parrainé par la communauté internationale.
Il fallait également donner la priorité à la sécurité dans une région devenue une zone de prédilection de toutes les formes de terrorisme. Le défilé militaire du 28 novembre 2015 est une belle illustration des efforts déployés en matière de sécurité.
Il fallait aussi redonner à notre diplomatie le rôle que lui confère sa position géostratégique. Les présidences consécutives de l’Union Africaine et de la Ligue Arabe et la création du G5 sont un témoignage éclatant de cette place retrouvée par la Mauritanie en un laps de temps très court.
Il fallait enfin bâtir un Etat social développeur, démocratique et fort, garant de la distribution horizontale des richesses du pays, de l’égalité citoyenne et des droits de l’homme. Un Etat qui incarne aujourd’hui l’interaction harmonieuse entre le développement socio-économique, la démocratie et la sécurité. Car, contrairement à une conception répandue, la démocratie a besoin d’un Etat développeur et fort, d’un appareil de sécurité dissuasif, surtout dans des pays comme le nôtre où la prégnance des forces traditionnelles antinomiques du progrès est encore vivace, et qui ressurgissent plus arrogantes, plus impératives à la moindre hésitation, au moindre signe faiblesse, émanant de l’autorité publique.
Les hommes d’Etat se jugent à deux aunes : Par rapport à la situation qu’ils ont héritée et aux fruits de leurs propres réalisations. Mesurée à ces aunes, l’action du président Aziz a d’abord sauvé le pays d’une situation où la sortie de l’Histoire pointait à l’horizon ; elle a ensuite permis l’édification d’un Etat moderne devenu un exemple dans notre sous-région. Une action qui l’inscrit par conséquent dans le Panthéon de l’Histoire. Et qui doit faire aussi du 06 Aout une date mémorable dans notre conscience collective.
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