Nous vivons aujourd’hui le crépuscule ou l’éclipse même d’une certaine opposition extrémiste. Nous sommes dans le moment de clôture d’une manière surannée de faire de la politique qui consiste à confondre engagement politique et protestation, mais surtout protestation avec révolution. Pour que la protestation passe à la révolution, il faut nécessairement une offre idéologique convaincante qui donne à la fois l’intensité mobilisatrice du peuple autour de sujets crédibles et un avenir prometteur pour la nation. Et c’est tout le contraire du discours des dirigeants de cette opposition qui tournent toujours en rond-point depuis un quart de siècle et dont le seul but, à l’instar des enfants de la grotte de Platon, est de se nourrir de « drapeaux » comme disait De Gaulle, de mots creux et de fantasmes pour agrémenter leur politique-spectacle.
« La crise qui sévit en Mauritanie » représente le type-même de ces drapeaux, de ces slogans creux avec lesquels on tente de plonger notre peuple dans la confusion. Le slogan figure comme un leitmotiv obligé dans tous les discours infligés aux Mauritaniens par cette opposition extrémiste, notamment lors de leurs meetings récents à Nouakchott et de leurs interventions carnassières dans les médias. Il fait à chaque fois l’objet d’un malentendu entretenu avec soin. Mais ces chimères avec lesquelles cette opposition extrémiste tente d’émerveiller les citoyens sont périssables.
Bâtie sur le verbiage au lieu des arguments objectifs, sur l’obsession et l’éclat de fureur au lieu de l’analyse sereine et sérieuse, la confiance d’un peuple n’est jamais obtenue politiquement. Elle porte même en germe dans notre contexte spécifique sa propre défaillance historique et la programmation de son écroulement inéluctable. Car tout simplement les Mauritaniens pétris de culture et de bon sens effectuent le juste partage entre les mythes et la réalité, le réel et l’imaginaire, le juste et le faux, l’ivraie et le bon grain. Mieux, on n’évite jamais le choc frontal, toujours mortel en politique, en retour des réalités tangibles. Un choc, au sens propre et au sens figuré, dans lequel certains se fourvoient désespérément, tant le déphasage est grand entre leur discours et la réalité concrète vécue par les citoyens.
Parler d’une crise de légitimité du régime en place élu démocratiquement et de crise de démocratie alors que notre pays est cité en exemple dans le monde arabe et en Afrique dans le domaine des libertés individuelles et collectives, dans l’organisation d’élections libres et transparentes sous l’égide d’une CENI indépendante ; un pays où la liberté de presse a même dépassé le seuil du tolérable avec certains organes de presse, connus pour être des appendices de certains partis d’opposition, et qui ne font que la travestir par l’effet de sensation et par le biais de sujets outrageux, subalternes et irréels.
Parler d’une crise diplomatique alors que notre pays a retrouvé dans un laps de temps très court la place diplomatique qui lui sied dans le concert des nations africaines et arabes. Après la réussite du mandat du président Aziz à la tête de l’union africaine, voilà qu’échoit à notre pays celui de l’organisation du vingt septième sommet de la ligue arabe à Nouakchott en guise de reconnaissance pour le rôle de plus en plus pesant de la Mauritanie dans le concert des pays arabes.
Parler d’une crise sécuritaire alors que notre approche mise en œuvre pour anéantir le terrorisme et l’extrémiste religieux est unanimement considérée comme une réussite par nos voisins et par les grandes puissances impliquées dans cette lutte. La participation de plus en plus sollicitée de nos forces armées et de sécurité dans les missions de paix en Afrique et dans le monde arabe illustre on ne peut mieux cette réussite.
Parler d’une crise économique alors que notre pays connait, en dépit d’une conjoncture internationale difficile à laquelle aucun pays n’échappe, une croissance soutenue et une lutte implacable contre la gabegie que traduisent sur toute l’étendue du pays de grandes réalisations dans les domaines de l’infrastructure routière, portuaire et aéroportuaire, de la santé, de l’éducation, des pêches, de l’agriculture, de l’élevage, de l’eau, de l’énergie…
Parler d’une crise sociale alors que le pays a définitivement enterré l’épineux dossier dit « passif humanitaire » à la satisfaction des anciennes victimes et de la communauté internationale. Le pays a également engagé une stratégie cohérente et multidimensionnelle pour éradiquer définitivement les séquelles de l’esclavage. Il a aussi donné, parce que les sociétés modernes se départagent selon la façon dont elles traitent leurs différenciations internes, aux femmes et aux jeunes la place qu’ils méritent dans la Mauritanie d’aujourd’hui.
L’espace politique mauritanien a beaucoup évolué et les succédanés d’idéologie du passé et leurs dirigeants n’ont plus leur place. Et en guise de réponse à leurs slogans tant ressassés, le peuple mauritanien leur rétorque par le proverbe Zoulou : « il est temps pour les vieux rois d’aller dormir ».
Docteur Abdallahi Ould Nem
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