Corona: Attention! Notre situation est plus mauvaise que celles de nos voisins !

C'est une grave erreur que de penser que l'épidémie a disparu ou qu’elle est devenue moins dangereuse dans notre pays. Malheureusement, ce sentiment d'absence de menace sanitaire, s’est largement répandu ces dernières semaines, depuis l’ouverture des frontières entre les wilayas et la levée du couvre-feu. Alors que les données statistiques sont alarmantes et nous incitent à observer davantage de mesures de prévention et à doubler de précautions pour barrer la route à la l'infection à la covid 19.

Des taux comparitifs inquiétants

En effet,  le taux de propagation de la maladie dans notre pays est très élevé.

Selon des normes en vigueur dans plusieurs pays, dont la France, le rythme de propagation de l'épidémie devient très inquiétant dès que le seuil de contamination dépasse cinquante cas pour 100 mille habitants (50/100 000). Sur la base de ce critère, la situation en Mauritanie est pire que celle de ses voisins, comme le montre le tableau en image. Les statistiques montrent que nous avons dépassé ce seuil presque trois fois. Nous comptons 142.6 malades de covid 19 pour 100 000 personnes!

Puis, si nous appliquons le même type de calcul en matière de mortalité liée au coronavirus, notre bilan est également plus mauvais que dans les pays voisins. Nous enregistrons, au moment de l'écriture de ces lignes 3,4 décès pour cent mille habitants. Les données relatives aux pays frontaliers les situent tous mieux que nous:

  • Algérie: 2.4 décès / 100 000 habitants
  • Sénégal: 1.0 décès / 100 000 habitants
  • Maroc: 0.7 décès / 100 000 habitants
  • Mali: 0.5 décès / 100 000 habitants.

Vivre avec l'épidémie = vivre avec les mesures de protection...

Dans ces conditions, nous devons revoir notre comportement, individuel comme collectif. Chacun de nous doit se poser les bonnes questions qui permettent de le protéger et protéger les autres. Il s’agit tout simplement de respecter les mesures de protection: distanciation sociale et mesures barrières.

Les pouvoirs publics devraient également prendre les dispositions nécessaires à cet égard, y compris la réimposition de mesures restrictives de liberté, individuelle comme collective.

Car, il est clair que l’on doit désormais vivre avec la pandémie. Son Excellence, le Président de la république, Mr Ghazouani, a très tôt vu juste en l’annonçant et en y insistant dans ses discours et sorties médiatiques depuis la réapparition de la covid 19 dans le pays au mois d’avril. Pour lui, vivre avec l'épidémie ne veut pas dire baisser la garde ou se comporter comme si le risque a disparu. Il s’agit au contraire d’observer correctement les mesures de protection en les adaptant aux fluctuations de la courbe de la maladie, aux circonstances épidémiologiques et aux exigences socio économiques. A chaque fois que la menace sanitaire collective s’aggrave, on renforce les mesures de protection contraignantes, et quand la situation s’améliore on les allège.

Autrement dit, les autorités et les citoyens doivent s’habituer à un cycle aux étapes très instables : confinement-déconfinement- reconfinement. Un  cycle qui s’imposera à toutes les nations tant qu’il n’y aura pas de vaccin anti covid 19.

Pour un dépistage massif

D’ici là, les autorités mauritaniennes, sanitaires et politiques, devraient mobiliser les moyens et ressources nécessaires pour mettre au point une stratégie efficace de dépistage massif. Sans quoi, la situation épidémiologique du pays échappera toujours au contrôle, tant en ce qui concerne la fiabilité des données que l’identification et l’isolement des malades.

Avec une telle stratégie de moyens sanitaires, accompagnée des mesures de protection qu’elle implique, nous devons être à même de gérer et maitriser la situation épidémiologique avec le moins de dégâts possibles, en empêchant la multiplication des foyers de contagion (clusters) et en les réduisant ensuite. Cette importante première étape franchie, nous ramènerons dans un deuxième temps le taux de reproduction du virus en dessous du seuil d'alerte que les experts appellent «R zéro». Dans cette perspective, le conseil scientifique, créé récemment avec l'apparition de la pandémie, est appelé à jouer un rôle actif et efficace, tant en matière de conseils et de recherche que comme intervenant sur le terrain le cas échéant.

El Boukhary Mohamed Mouemel  

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