Bouleibabs : la Mauritanie, hier et aujourd’hui inch’Allah, doit rester cette terre où les hommes se parlent avec sincérité et sérénité

Avant-propos

Après une brève carrière dans les grands groupes français installés en Mauritanie, j’ai commencé très jeune à servir sous la première République. Feu le Président Moktar et l’ensemble de ses coéquipiers sont des serviteurs de l’Etat au vrai sens du mot.

Croiser ces hommes patriotes, vertueux, travailler sous leurs ordres, est une chance et une expérience qui vous marque à vie. RahmeWeElghouvrane, WeJenetouRidouaneà ceux qui nous ont quittés et longue vie à ceux qui sont encore parmi nous. Le Président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, sera le Premier de nos Chefs d’Etat à leur rendre un hommage posthume bien mérité.

Cet hommage prononcé lors de la dernière fête de l’indépendance a eu une grande résonnance chez beaucoup de Mauritaniens.

 

Hier,

« Faisons ensemble la patrie mauritanienne »

Cette mythique phrase du premier discours de Feu le futur Président Moktar Ould Daddah à Atar en 1957, est devenue pour lui et ses coéquipiers une philosophie de pouvoir basée sur la concertation entre mauritaniens et à laquelle ils feront souvent recours.

 

Feu Me Moktar Ould Daddah a été désigné le 20 mai 1957 comme Premier Ministre puisque le parti dont il est issu, l’UPM, était majoritaire au sein de l’assemblée territoriale.

Il aura avec son équipe de pères-bâtisseurs à affronter tous les grands défis qui se posent au pays.

 

Atar où se trouve installée une grande base française était une ville moderne avec toutes les commodités. Elle était aussi le centre politique où tous les partisde l’époque menaient toutes leurs activités jusqu’à l’indépendance.

Apres ce discours mythique, le Premier ministre venait souvent avec son équipe à Atar pour se concerter avec tout le spectre politique sur les défis auxquels été confronté le pays. Il recevait tous les acteurs partisans ou opposants, les cheikhs, les chefs traditionnels et les fonctionnaires toutes catégories confondues.

-Le premier défi : Une idée du partage du pays née dans les années 50 faisait encore son chemin dans l’esprit et les comportements de quelques responsables politiques des Etats voisins.

-Le deuxième défi : Comment réunir tous les mauritaniens dans un grand congrès premier du genre pour définir leur avenir commun et se connaitre

-Troisième défi : faire le maximum de consultations surtout au niveau des partis et des régions pour que les mauritaniens viennent unis à la date de l’indépendance.

 L’équipe des pères-bâtisseurs grâce à sa foi inébranlable en le destin de son futur pays et consciente des dangers qui guettent l’enfantement difficile du futur Etat, viendra à bout de ces trois grands défis :

-Avant son retour au pouvoir en 1958, le Général De Gaulle avait fait un séjour en Mauritanie au cours duquel, il a rencontré beaucoup de personnalités. Il exprimera ses sentiments plus tard, quand il reviendra aux affaires : « ce peuple fier et qui incarne la dignité personnifiée, est dans son bon droit d’être un Etat souverain dans ses frontières actuelles que nous défendrons ».

 

-Après les larges consultations entre l’Exécutif, les partis politiques d’opposition et les personnalités indépendantes, il a été décidé de convier tous les mauritaniens à un grand congrès, qui se tiendra le 5 mai 1958 à Aleg.

 

Le congrès se tiendra dans la maison de feu Marouf Ould Cheikh Abdallahi qui coordonnait le déroulement des activités d’organisation. Tous les mauritaniens dans toute leur diversité seront présents et même des notables du Sahara sous domination espagnole. Pour un coup d’essai, le congrès sera un coup de maitre. Les mauritaniens en sortiront unis, se connaitront mieux les uns les autres et s’entendront sur une plateforme minimale de fondamentaux qui régiront leur future Nation.

-Après des discussions entre l’Exécutif et les partis existants un cadre de concertation sera créé jusqu’à l’indépendance. Une fois l’indépendance acquise l’Exécutif entrera en pourparlers avec tous les partis y compris l’Exécutif de la Nahda qui sortait d’une résidence surveillée. Entre 1960 et 1978 le pays a connu un certain nombre de crises plus ou moins graves. Pour les résoudre la première République a toujours privilégié le recours à la concertation entre les antagonistes.

 

AUJOURDHUI,

 

Le Président de la République nouvellement élu a commencé très tôt une réelle décrispation de la scène politique, dont nous avions grand besoin. Il a rencontré tout le spectre politique : Chefs de partis, syndicats, société civile, Présidents de conseils régionaux, députés de toutes les wilayas et quelques personnalités indépendantes. Il vient d’appeler tous les acteurs de la vie politique à une concertation nationale sur tous les sujets importants

 

 

-Nous venons de réaliser une alternance pacifique au pouvoir, événement qui sous d’autres cieux se fait dans la violence ou dans la rupture de l’ordre constitutionnel.

 

-Les partis, les syndicats et les associations de la majorité ou de l’opposition continuent leurs activités normalement

 

-Nos paysans et nos éleveurs sur toute l’étendue de notre immense territoire vaquent à leurs activités sans risque d’être agressés, dépouillés de leurs biens, ou enlevés.

 

-Nous voyageons en toute sécurité, jour et nuit dans tous coins et recoins de notre pays.

 

-Nous faisons d’énormes dépenses pour endiguer la terrible pandémie-COVID venue au monde sans crier gare.

 

-Nous continuons à financer la lutte contre deux autres défis majeurs : la pauvreté et le terrorisme, clés de voûte de notre stratégie de sécurité nationale.

-Nous arrivons à financer l’ensemble des projets retenus dans nos programmes nationaux de développement économique et social. Notre situation économique et financière ne s’est détériorée, elle se tient même assez bien malgré les mauvaises performances du secteur de la pêche qui a toujours été le pilier majeur de notre économie avec son impact bénéfique sur : les emplois, les recettes budgétaires et de devises. Les revenus du secteur de la pêche surtout artisanale irriguent les recoins les plus reculés de notre immense pays. Redynamiser ce secteur vital doit être la priorité des priorités des autorités. Les hausses des prix ont toujours été le ‘’cadeau’’ qu’offrent les importateurs des produits de première nécessité à chaque nouveau gouvernement et à nos populations les plus faibles.

Par expérience, la flambée des prix ne peut être jugulée que par la création d’un organisme régulateur national, exerçant dans les mêmes conditions que les commerçants, comme le faisait l’ancienne SONIMEX, quand elle était bien gérée, ou la reconstitution du « stock national de sécurité alimentaire permanent », que nous avons déjà expérimenté.

 

Il était logé au CSA pendant quelques années avant de mourir sous les coups de butoirs de nos courageux importateurs de produits de première nécessité. Ce stock national ne rentrait pas dans les opérations normales du CSA. Il n’intervenait que pour réguler les prix des denrées alimentaires de première nécessité.

 

Si notre situation économique et financière ne s’est pas détériorée c’est parce que notre politique étrangère tous azimuts s’est basée sur le respect, la paix et l’amitié avec tous les peuples. C’est pour cela que les Etats et les institutions internationales nous aident et accèdent à nos quêtes : Dons, financements à taux modérés, remises de dettes, renégociations d’autres. Tous nos frères arabes et en particulier nos frères du Golfe, nos amis traditionnels et alliés, les institutions financières internationales, continentales nous ont tous aidé.

 

Il y’a déjà quatre siècles, le ministre des finances français le Baron Louis disait : « Faites-moi une bonne politique, je vous ferais de bonnes finances ».

 

L’équipe chargée de l’économie, de la finance et de la monnaie a une grande maitrise des dossiers nationaux et une grande connaissance des rouages, des règles et des procédures des institutions économiques et financières internationales.

 

Très vite elle a inventorié l’existant, sérié les priorités et plus difficile refusé les dossiers jugés non prioritaires. Désormais, encenser ou nier une situation financière à un moment donné est devenu un exercice difficile car comme les fake news il peut être démenti tout de suite.

 

Tous les chiffres nationaux sont accessibles à tout le monde sur les sites des ministères des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs et des finances, de la Banque Centrale, de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International.

 

Vous pouvez aussi accéder aux opinions des grandes agences internationales de notation sur « le risque Mauritanie ». Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes et qu’on peut tout se permettre. J’ai juste dit qu’on a amorti les chocs attendus par l’économie du pays, géré au mieux les effets de la crise mondiale, bien maitrisé nos dossiers dans les négociations, et que notre situation économique et financière se porte assez bien, parce que c’est vrai.

 

De la concertation ou dialogue

Si nous jetons un regard objectif sur tous les défis que se posent au monde : économiques, écologiques, sanitaires et sécuritaires, surtout en Afrique et particulièrement dans notre sous-région, nous devons louer ALLAH pour ce qu’il nous a donné comme PAIX ET UN MINIMUN DE BIEN ETRE. La PAIX est la seule chose que le mauritanien lambda dans tous les coins et recoins du pays loue dans tous les instants de sa vie.

SANS PAIX, il n’y pas de vie pour qui que ce soit ou pour faire quoi que ce soit. Un dicton mauritanien dit à juste titre : « On ne mesure la saveur de la paix que quand on l’a perdue ». Elle est un don D’ALLAH qu’il faut consolider constamment car sans elle rien de solide et pérenne ne peut être accompli. La grande vertu de la concertation ou le dialogue, c’est qu’il consolide la paix, renforce l’unité du pays.

Ce pays a été formaté par la pratique séculaire du rite Malékite-Sunnite, voie par excellence du juste milieu en Islam. Cette pratique est fondée sur la mesure, la tolérance en toutes circonstances, le respect des autres, le respect de la parole donnée, le règlement des problèmes par les voies pacifiques et le consensus. Ce corpus a rythmé toute notre vie de musulmans et est toujours d’actualité.

Je lis dans la presse que les acteurs politiques ne sont pas tous unanimes sur la concertation en gestation. Quel que soit leur bord, les hommes politiques doivent :

           -Savoir que la paix des cœurs est unenécessité vitale pour s’entendre quel que soitle sujet abordé, elle évacue les rancœurs et introduit la sérénité et la raison.

-Prendre leurs décisions en fonction de la situation internationale et surtout celle qui prévaut dans leur propre pays.

 

-Admettre que la politique est l’art du possible et que l’art du possible n’est pas synonyme de compromission mais de raison.

 

-Respecter « les humanités de la politique »qui doivent normalement épouser nos conventions sociales dans les paroles et les actions

 

-Être un homme politique, c’est respecter un mandat confié par une partie du peuple pour défendre ses exigences de bien-être et de justice, c’est une noble mission et doit le rester.

 

-Faire de la politique, c’est aussi laisser de côté son ego et pouvoir à tout moment discuter avec les autres, faire des concessions sur certaines questions et gagner sur d’autres. Il n’y a pas de droits d’auteurs imprescriptibles quand il s’agit de se concerter ou dialoguer sur le destin de sa patrie.

 

Notre pays est né congénitalement fragile. Toutes les générations ont tenté autant qu’elles peuvent de colmater les lézardes qui lui ont été portées à un moment ou un autre de son histoire. Nous devons éviter tout ce qui est de nature à lui porter d’autres dans cette période de turbulences planétaires de tous ordres.

Je ne suis pas un acteur politique mais j’aime intensément cette terre. Je souhaite voir les efforts de tous les mauritaniens s’additionner et non de se soustraire. Contribuer à faire une Mauritanie unie et en paix est un acte hautement civique et patriotique.

 

Septembre 2021,

Brahim Salem OuldElmoctarOuldSambe"ditOuldBouleiba"

 

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