L’ambassade des Etats Unis au Sénégal vient de mettre en garde les ressortissants américains, il y a deux jours, les priant de prendre beaucoup de précaution en prévision de menaces d’actes terroristes avérées à Dakar, selon elle.
Un risque sérieux !
Le sérieux et l’imminence du danger sont tels que certains endroits de Dakar sont interdits aux personnels de l’ambassade américaine pendant 10 jours au minimum. « Le personnel de l’Ambassade des Etats-Unis n’est pas autorisé à séjourner dans des hôtels du bord de mer de Dakar jusqu’à la première semaine de décembre », précise le message.
Quant aux autres ressortissants américains, il leur est demandé "d’être vigilants lorsqu’ils sont dans des établissements et séjournent dans des hôtels fréquentés par les Occidentaux". Et le message d'ajouter, s'adressant à tous les Américains séjournant ou de passage au Sénégal : "Il est conseillé de réviser vos plans de sécurité personnelle, de demeurer conscient de ce qui vous entoure, y compris les évènements locaux, et de suivre les radios locales pour rester informé des dernières nouvelles."
De son côté, l'ambassade du Canada à Dakar a aussitôt répercuté ce message aux ressortissants canadiens. Par contre, les Français n'y ont pas réagi jusqu'à présent; en tout cas pas ouvertement.
Sur médiatisation... et psychose !
L'alerte américaine est largement relayée, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Elle est quasiment l'objet de toutes les conversations à Dakar: aux marchés, dans la rue, au sein des foyers, sous les arbres à palabre... Réseaux sociaux, presse et médias, nationaux comme internationaux, s'en sont emparés. Résultats : une propagation rapide des rumeurs les plus folles et, souvent, les plus invraisemblables. Autrement dit : une surmédiatiastion qui a fait beaucoup de mal au Sénégal, en faisant peur aux populations locales et aux visiteurs et qui coûte cher. Le tourisme, particulièrement, en paie le prix fort, ainsi que l'image du pays.
Un enseignement à en tirer en matière de lutte contre le terrorisme : une communication mal maitrisée permet aux terroristes d'atteindre leurs buts avant, et /ou, sans même qu'ils passent à l'acte. Pour éviter cela, les chancelleries occidentales et ambassades feraient mieux de coordonner leurs actions de communication avec les autorités des pays d'accueil, notamment en Afrique.
Sachant qu'assurer leur propre sécurité et celle de leurs ressortissants incombe à ces autorités, la moindre des choses est qu'il y'ait un bon partage des renseignements entre les deux parties; et qu'en fonction de la fiabilité des risques énoncés, les réponses - y compris les lancements d'alerte- soient conduites en étroite collaboration avec le pays d'accueil. Cela ne semble pas être le cas avec les autorités sénégalaises, qui furent manifestement prises au dépourvu par le message de l'ambassade américaine à Dakar, et par sa surexploitation médiatique avec tout ce que cela entraîne en termes d'image pour le pays.
El Boukhary Mohamed Mouemel
Président du COTES ( Centre Oum Tounsy pour les Etudes Stratégiques)
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