Tout comme le Tagant, les habitants de l’Adrar ont exprimé haut et fort cette préoccupation quasi unanime des Mauritaniens : un troisième mandat pour le président Aziz.
Une préoccupation que le dialogue national inclusif, malgré ses résultats éminemment importants par ailleurs, n’a pu malheureusement discuter comme il se doit. La passion, les idées préconçues, le calcul politique étroit et même le « terrorisme intellectuel », institués par une minorité comme stratégie de discussion, ont empêché les participants à ce dialogue de dépasser l’écume du sujet de la limitation des mandats présidentiels pour embrasser à fond toutes ses facettes.
Et c’eût été grand dommage qu’une discussion sereine, dépassionnée et approfondie n’ait pas eu lieu sur un sujet aussi important,qui concerne le présent et conditionne l’avenir du pays ; et qui nous aurait surtout épargné de prendre une décision qui s’est avérée en porte à faux par rapport à la conviction exprimée par l’ossature du peuple mauritanien.
Un peuple qui fonde sa position sur des questions pertinentes que le dialogue national aurait dû poser pour éclairer davantage sa décision :
Doit-on privilégier le « snobisme démocratique », ce tropisme intellectuel qu’ont certains pour des théories institutionnelles concoctées ailleurs et qu’il faut singer mécaniquement au détriment des conditions spécifiques du pays, ce génie propre de chaque peuple et de chaque pays ?
Quelle est cette force juridique particulière qui confère à la constitution de 2006 ce pouvoir de ne pas changer, à la faveur de l’évolution du pays, l’article relatif au nombre des mandats présidentiels ?
La démocratie brille aujourd’hui d’une aura d’incontestabilité partout, nous en convenons et c’est notre ferme conviction, mais sa durabilité et sa pérennité ne sont-elles pas conditionnées par le développement et la sécurité du pays ?
Autant de questions, et bien d’autres, qui fondent objectivement la demande insistante entonnée par le peuple pour supprimer toute limitation du mandat présidentiel.
Un choix objectif fondé sur le droit imprescriptible de la souveraineté du peupleen démocratie et sur les intérêts supérieurs inaliénables du pays.
Une souveraineté du peuple qui constitue la pierre angulaire de la démocratie ; et qui ne peut être limitée par la restriction arbitraire que représente la limitation des mandats, car le peuple est le seul qui choisit son président, autant de fois qu’il le désire, et qui le change à chaque fois que bon lui semble.
Cette liberté d’élire que confère la démocratie au peuple, c’est aussisa liberté et son droit de réélire autant de fois, à la seule condition que les élections soient démocratiques, libres et démocratiques. Et parce que le peuple est le seul juge en démocratie, laissons-le exprimer pleinement par le biais du suffrage universel ce qu’il veut sans aucune raison « de douter de la capacité naturelle qu’à le peuple pour discerner le mérite » comme nous dit Montesquieu.
Une capacité naturelle pourtant accordée aux peuples nantis mais refusée aux nôtres, comme si nous étions frappés par un crétinisme politique congénital qui nous empêcherait de discerner librement notre intérêt général et son contraire, un grand dirigeant et son antipode, le bon grain de l’ivraie.
Une capacité naturelle justement qui fait que le peuple mauritanien entonne aujourd’hui sans ciller une unanime réclamation pour la suppression de la limitation des mandats pour ouvrir la voie à un troisième mandat pour le président Aziz par fidélité et reconnaissanceà sa vision politique et à l’œuvre accomplie dans le pays par rapport à ce qu’il fut avant 2008.
Une œuvre que le citoyen le plus ordinaire ne le sait que trop, la mesure à sa juste valeur, parce que la vivant au quotidien dans tous les domaines :Politique, économique, social, culturel, diplomatique et sécuritaire.
Une œuvre qu’il convient de raffermir et de consolider ; mais aussi d’en élargir le segmentdans un avenir confiant et serein, un avenir qui ne peut être que la continuité naturelle et logique d’un présent qui a déjà démontré amplement son efficacité et sa réussite, dans une région où des Etats séculaires et bien ancrés ont tout perdu par le fait d’une aventure politique improvisée et des décisions hasardeuses.
Docteur AbdallahiOuld Nem
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