Personne ne conteste que les douloureux événements de 1989 aient engendré des blessures profondes dans la conscience collective et dans la mémoire historique du peuple mauritanien, toutes ethnies confondues.
Mais personne ne peut aussi contester que ce dossier regrettable et douloureux se trouve aujourd’hui complètement enseveli dans notre sous-sol politique grâce à la dynamique enclenchée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz depuis la prière dite « de l’Absent » organisée le 25 Mai 2009 à Kaédi, en mémoire de tous les disparus civils et militaires des pogroms de 89.
Pour quoi donc déterrer ce dossier aujourd’huipar un discours dont le vacarme passionnel suscita chez le peuple mauritanien stupéfaction et émoi,en raison de son contenu « ethniciste », c’est-à-dire cette vision étroite qui divise, aplatit l’analyse, rétrécit la vue et éloigne de l’intérêt général ?
Pour quoi le faire précisément au cours de ce moment singulier, le dialogue national, qui, au-delà de nos divergences politiques, vise le renforcement de notre vouloir-vivre ensemble, de notre unité, de notre cohésion nationale… ?
Surtout que rien ne justifie cette attitude paradoxale et ce discours saugrenu. Ni les résultats tangibles obtenus par la dynamique collective et le sursaut national enclenchés pour effacer définitivement cette page sombre de notre histoire contemporaine. Ni l’état satisfaisant de notre unité nationale retrouvée et qui résonne aujourd’hui au plus profond de notre conscience collective
Une dynamique qui a vu la participation active et effective des pouvoirs publics, de nos ulémas, des victimes elles-mêmes, des veuves, des parents des disparus, et de la société civile impliquée dans le domaine des droits de l’homme ; une dynamique qui a été accompagnée du début jusqu’à la fin par le système des Nations-unies ; une campagne enfin dont l’aboutissement heureux a été le rapatriement dans d’excellentes conditions des réfugiés installés au Sénégal et au Mali, sous l’égide des Nations-unies, et le recouvrement de tous leurs droits de citoyenneté : pièces nationales d’état-civil, l’indemnisation des fonctionnaires et leur insertion dans leur emploi, le retour au terroir, le financement de petits projets lucratifs aux familles, le tout obtenu sur financement propre de l’Etat mauritanien.
Et cette opération de grande envergure a été saluée officiellement par les organismes compétents en la matière du système des nations unies.
Elle a été aussi saluée par les bénéficiaires eux-mêmes à travers les accueils grandioses réservés au président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz de N’diago à Wompou lors des visites à l’intérieur du pays; mais aussi à travers le vote massif qu’il a obtenu au niveau de la vallée lors des dernières élections présidentielles.
Mais elle a été surtout saluée à sa juste valeur par tout le peuple mauritanien qui a retrouvé depuis la vitalité de son unité nationale, comme aux moments glorieux de son histoire, une unité dans la diversité et une diversité dans l’unité ; une unité nationale qui fait notre force, qui exprime concrètement notre commune volonté, notre vif désir de vivre ensemble au service de la Mauritanie.
Une Mauritanie unie qui refuse la libération des forces centrifuges, l’exaltation de tous les particularismes diviseurs qui séparent : l’ethnicisme, le nationalisme chauvin et excentrique. Car ils sont contraires à notre religion, à notre histoire, à nos traditions, à notre culture. Et la Mauritanie y sacrifierait son héritage. Elle y compromettrait son avenir. Elle y perdrait son âme.
Docteur Abdallahi Ould Nem
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