Ce slogan, nous devons tous nous l’approprier. En faire notre crédo et notre leitmotiv. Car, quelle noble cause que celle de s’atteler à l’éradication des séquelles (survivances, attitudes, idées reçues, stéréotypes, apriori, comportements, agissements, …..), qui prennent comme manifestation réelle la pauvreté extrême dont souffrent encore des milliers de citoyens, mauritaniens comme nous, humains et musulmans de surcroît. Qui ont été, hélas, malmenés, maltraités, opprimés, soumis, spoliés de leurs libertés les plus élémentaires et chosifiés même ! Et par qui ? Par des musulmans ‘’comme eux’’, des Mauritaniens ‘’comme eux’’ ! Et au nom de quelle idéologie ? Au nom de notre sainte religion, l’Islam, qui a clamé haut et fort, dès les premiers jours de sa propagation, que tous les hommes sont égaux ! Asservir son semblable, au nom de notre religion sacrée, l’Islam, ce message céleste, le dernier, égalitaire, juste ; bref le plus beau, car le plus clément, le plus humanitaire et le plus pacifiste. Quelle ignominie !
Mais, choisissons de dépasser. Tournons la page. Oublions complètement cette lugubre période de notre histoire. Le Coran même nous oriente dans ce sens : ‘’Voilà une génération bel et bien révolue. A elle ce qu’elle a acquis, et à vous ce que vous avez acquis. Et on ne vous demandera pas compte de ce qu’ils faisaient’’, surat Al-Baqara ( la vache), verset 141*. Quel beau principe. Ce principe nous aide à éviter le travers d’une polémique stérile : celle qui consiste à vouloir taxer une composante de notre pays, pour lui faire supporter, actuellement, les agissements et pratiques des ancêtres. Cela n’est pas juste. C’est à éviter. Si nous voulons nous atteler tous à l’essentiel : préparer la Mauritanie de demain, celle où jamais, au plus grand jamais, il n’y aura plus d’esclavage, ni d’injustice ; alors apprenons à tourner, mais intelligemment, la page.
Là où des esclavagistes bornés tiendront à pérenniser des pratiques, des agissements, des comportements ou des actions esclavagistes, soyons drastiques : condamnons-les devant les tribunaux créés uniquement à cette fin. Heureusement, nous en avons à présent. Notre pays ne tolère plus, ni officiellement, ni officieusement l’esclavage. Les ‘’Fatwas’’ nécessaires ont été décrétées. Les lois nécessaires ont été votées. Les tribunaux indispensables ont été mis en place. Les défenseurs des droits de l’homme travaillent en toute liberté. Bien entendu, ceux qui défendent les droits de l’homme de manière apolitique et patriotique.
Et là où d’autres radicalisés, haineux, racistes, sectaires et ‘’marchands’’ des nobles causes, viendront casser, nous devons bâtir. Là où ils viendront désunir et verser leur poison, nous devons défendre l’unité et répandre l’amour. Ceux qui font de la récupération politique, hideusement du reste, de cette noble cause, qu’est la défense des plus faibles, ne sont ni patriotes, ni honnêtes. Ceux là, et à force de politiser cette ‘’grande cause nationale’’, commune à tous les Mauritaniens, qu’est la lutte contre les séquelles de l’esclavage, finissent par se retourner contre leur propre pays et chercher des hypothétiques soutiens à l’étranger. En prétendant que nous pratiquons encore l’esclavage, pour plaire aux ennemis de notre pays, alors que c’est tout simplement archifaux. Et, sans vouloir entrer dans la polémique, ni avoir de parti pris, personne ne peut prétendre aujourd’hui que les esclaves sont vendus sur la place publique ! Et pourtant, ici même, sur cette terre, mais jadis, cela est malheureusement arrivé. Comme d’ailleurs c’est arrivé partout dans le monde ancien. Demandez à tout citoyen « lambda », il vous dira que l’esclavage n’existe plus en Mauritanie.
Alors qu’est-ce qui en reste aujourd’hui ? Il en reste les séquelles. Et en parlant de séquelles, pour peu que nous comprenions encore le sens des mots dans cette belle langue de Molière, on réalise facilement qu’en disant ‘’séquelles’’, on parle de souffrances, de conséquences dures, qui font souffrir, dans leurs chair et âmes, ceux qui, malheureusement, endurent encore les conséquences de ces pratiques ancestrales. Des pratiques qui, soit dit au passage, n’ont rien à voir avec l’Islam. Donc, à nous tous ; tous les Mauritaniens ; tous ensemble, de nous attaquer sérieusement à ces souffrances, à cette précarité, à cette pauvreté innommable, dans laquelle vit encore, une partie importante de nos concitoyens. A nous d’apporter, chacun, sa contribution, quelle que soit sa dimension ou son importance. Et soyons vigilants, en barrant carrément la route à tous ceux qui veulent en faire une « cause politique », et l’exploiter à des fins politiciennes, de manière voyante, cynique et dégoûtante. Car, encore une fois, pour tout ce qui est des questions de l’esclavage, des souffrances qui en découlent forcément, des pratiques qui en perdureraient ; nous sommes, nous les Mauritaniens, et personne d’autre, les seuls capables de les résoudre. Comment ? En faisant de cette question l’affaire personnelle de chaque citoyen. Car, au fait, elle est foncièrement, celle de notre unité nationale.
Et parce que la question de l’éradication définitive des séquelles et de toutes les manifestations de l’esclavage nous concerne tous, elle doit passer pour l’occupation numéro un de chaque Mauritanien. Nous avons le devoir de la décréter comme l’affaire prioritaire dans nos débats, nos discussions, nos échanges autour d’un thé, lors de nos visites familiales ; dans nos salons, au bureau, en taxi, dans la rue, à la mosquée, à l’école, au Café ; partout, partout où l’on passe, cette question doit être soulevée et débattue, pour que :
- Nous dépassions cette étape de l’histoire de notre pays ; par des actes forts de solidarité et de soutien à l’égard de nos concitoyens qui souffrent encore des séquelles de l’esclavage. Par une sorte de ‘’PLAN MARSHALL’’, pourquoi pas, mais national celui-là ! ; auquel participeront tous les Mauritaniens. Pas celui prôné par quelques mécontents, destiné à être financé par la France ! ; et pour, enfin,
- Dépolitiser cette question et ne permettre à personne, qui qu’elle soit, de l’utiliser à des fins politiques, ni d’en faire un fonds de commerce, pour remplir ses poches et réaliser ses aspirations perspnnelles. Ni pour diviser notre peuple, qui reste et restera, Inchaallah, comme il l’a été toujours, uni, par le ciment le plus fort constitué par la lecture pacifiste que nous faisons tous de notre sainte religion, l’Islam.
Si nous arrivons vraiment à adopter cette position clairvoyante et lucide : d’une part une détermination active et effective à éradiquer les séquelles, et d’autre part une dépolitisation totale du sujet ; le pari sera gagné, le plus grand défi soulevé, et la plus grande menace évitée. C’est le souhait de tous Mauritaniens, toutes composantes confondues.
Mohamed Yeslem Yarba Beihatt
Nouakchott le, 18/09/2016
----------------------------------------------------------
.تِلْكَ أُمَّةٌ قَدْ خَلَتْ ۖ لَهَا مَا كَسَبَتْ وَلَكُم مَّا كَسَبْتُمْ ۖ وَلَا تُسْأَلُونَ عَمَّا كَانُوا يَعْمَلُونَ ـ 134 ـ البقرة
category: