Le stylo bleu attend, couché sur la pliure du cahier ouvert encore vierge de signes.
Il est là, patient,
plume d'or, encre fraîche:
on ne sait jamais qu'une voyelle plus hardie,
qu'une consonne téméraire,
se glissent jusqu'à lui.
Réapprivoiser les mots,
accepter qu'ils ne sont pas mes esclaves,
ni faits pour ne chanter que les troubles de l'âme ou les soubresauts des corps,
ni pour donner des lettres de noblesse aux émotions amoureuses.
Laisser les mots tourner autour des tournesols éclatants,
les laisser s'envoler sur les ailes des oies sauvages qui quittent l'automne pour l'été.
Décrire le jour qui passe ,lent, tranquille et parfait,dans le silence léger de l'immeuble où je n'entends parfois que le pas un peu lourd d'une fille perdue.
Fantasme, de ne laisser couler l'eau turquoise de ma plume que pour un autre et en priver la nature et les objets fragiles comme ce petit ange de laiton, au visage patiné par des pouces caressants au fil des siècles.
Il est là, assis sur un grès façonné, à me regarder depuis si longtemps.
Par ces moments concentrés sur le quotidien banal et merveilleux,
je retarde la fuite en avant devant la peur qui a nom: absence.
Texte, photographies et acrylique:Mona mc Dee
Source : MonaZarts
category: