Pendant trente ans, de 1978 à 2008, la Mauritanie a perdu son prestige, sa crédibilité et son influence sur la scène diplomatique arabe, africaine et internationale. Durant toute cette période, englué dans un isolement diplomatique sans précédent, ostracisé même, notre pays est passé du statut qui agit à celui d’une république absente et aphone ; mal aimé et mal compris, même par les plus proches frères et amis, il s’est replié sur lui-même, cantonné sur la défensive. L’espace arabe, notre domaine de prédilection nous a échappé, le continent africain, notre zone vitale, nous était devenu inaccessible, le reste du monde, nous était étranger. Et dans ces conditions, les grands acquis diplomatiques tissés savamment depuis des lustres se sont progressivement évaporés comme peau de chagrin. Ils ont laissé la place à cette image de marque peu reluisante, conséquence directe d’une situation politique intérieure caractérisée surtout par une unité nationale très affectée par le lourd dossier du passif humanitaire, le déficit notable en matière de démocratie et des droits de l’homme, par une sécurité intérieure défaillante et par une situation économique anémiée. Et on ne perçoit mieux que dans cette situation combien est forte l’interaction organique entre l’efficacité et l’ambition de la politique extérieure d’un pays et sa situation intérieure, l’une conditionnant l’autre, comme l’affirmait le philosophe Alain.
Au regard de cette situation grave, restituer la Mauritanie au miroir de son histoire et de ses atouts géopolitiques, remettre d’aplomb les instruments fondateurs de sa vocation arabe et africaine, redorer le blason terni de son rôle international, étaient les grands objectifs diplomatiques que s’était fixé le président Mohamed Ould Abdel Aziz dés son accession à la magistrature suprême du pays en Aout 2008. Bien que ces objectifs aient été considérés comme une gageure en leur temps, car en matière de diplomatie on ne peut inverser rapidement des tendances abyssales aussi ankylosées, force est tout de même de constater, qu’au prix d’une ferme volonté et d’une vision perspicace, un seul mandat présidentiel a suffi pour imprimer une marque nouvelle, tracer le sillon clairement balisé d’une politique étrangère aujourd’hui très bien comprise, mesurée à sa juste valeur par nos frères arabes et africains, et par toute la communauté internationale.
Sur le plan arabe, la Mauritanie a retrouvé la place diplomatique qui lui échoit, en rompant courageusement les relations injustifiées avec Israël, en devenant un acteur important de la coalition des pays modérés avec l’Arabie saoudite, les autres pays du golfe, l’Egypte et bien d’autres états de la région ; coalition qui est en train d’insuffler à la ligue arabe le rôle stratégique qui lui sied conformément à son poids démographique, ses atouts économiques et sa position géostratégique. La dernière visite en Arabie saoudite, qui a été entourée de toutes les marques grandioses de respect, d’estime et d’hospitalité généreuse dignes des accueils réservés aux plus grands chefs d’état du monde, illustre éloquemment combien est singulière la place accordée par le Roi, gardien des hauts lieux saints de l’Islam, et le gouvernement saoudien frère au président Aziz et au peuple mauritanien.
Sur le plan africain, la Mauritanie a rétabli aussi, dans un temps record, son trésor de relations ancestrales, ressuscité sa splendeur et sa vitalité originales, et retrouvé ainsi son rôle dynamique dans le concert des nations africaines. Les chefs d’état africains ont d’abord élu le président Aziz à la tête de la commission de la paix et de la sécurité de l’organisation africaine, ce qui lui a permis de faciliter le règlement de certains conflits brulants. Mais c’est incontestablement la présidence de l’union africaine en 2014 qui a définitivement scellé le retour dynamique de la Mauritanie sur la scène continentale. Cette présidence a imprimé à l’organisation une impulsion nouvelle à travers le règlement pacifique des conflits, la lutte implacable contre l’épidémie d’Ebola, un meilleur ancrage de la démocratie et des droits de l’homme , la bonne gouvernance en Afrique, la lutte contre le terrorisme et, non des moindres actions, une visibilité incontestable sur la scène internationale aux USA, en Europe, en Asie, en Australie et aux nations unies, d’une Afrique ambitieuse à la mesure de son président en exercice, de ses potentialités économiques et de sa situation géostratégique. Et depuis lors, notre pays est devenu le lieu privilégié de sommets, de réunions et de rencontres entre pays africains autour de tous les problèmes politiques, économiques, culturels, sécuritaires et environnementaux du continent.
Sur le plan international, la Mauritanie est devenue un partenaire stratégique incontournable dans la lutte mondiale contre le terrorisme sous toutes ses formes. L’approche mauritanienne, en matière de lutte contre le fanatisme et l’extrémisme religieux, est devenue une référence pour tous les pays du monde, états unis d’Amérique et union européenne en tête, mais aussi pour les états africains et arabes.
Dans la foret épaisse des réalités mouvantes de la mondialisation et de la forte concurrence qui en découle, l’émergence remarquée de la diplomatie mauritanienne des profondeurs abyssales de plusieurs années de plomb est aujourd’hui une réalité saluée à sa juste valeur par nos frères, nos amis et par toute la communauté internationale. L’histoire, cet implacable juge des hommes, retiendra le rôle éminemment important joué par le président Aziz pour la réhabilitation de notre diplomatie à la dimension de ses atouts historiques, géostratégiques, culturels et économiques. Docteur Abdallahi Ould Nem