Comme en témoigne le succès de sa tournée actuelle en Europe, le Président Volodymyr Zelensky gagne assez facilement la guerre sur le champ diplomatique, notamment sur le ‘’Vieux continent’’ et aux États-Unis. Par contre, sur le terrain en Ukraine, c'est autre chose.
Et la guerre génocidaire, que mène Israël à Gaza, ne lui facilite pas la tâche. En effet, depuis le 07 octobre dernier, l'Ukraine n'est plus à ''la une'' de l'actualité ; tandis que l’aide militaire fournie par Washington privilégie Israël. A écouter les Républicains, majoritaires dans la Chambre des représentants, il en découlérait des limites qui risquent de ralentir l’élan de générosité américaine en direction des Ukrainiens. Et ces derniers ne sont pas les seuls à subir les conséquences géopolitiques du ''Déluge d'al-Aqsa''.
En effet, l'intérêt pour le Sahel perd du terrain, tant du côté des États que du côté des médias et organismes non gouvernementaux. C’était déjà le cas depuis le déclenchement de la guerre de l’Ukraine, quand les Etats-Unis et leurs plus proches alliés ont réorienté leurs centres d’intérêt vers les rivalités géostratégiques qui les opposent à Moscou et à Pékin. Mais aujourd’hui, avec la guerre de Gaza, ce tournant prend un nouvel essor, faisant reculer davantage le Sahel sur l’échelle des priorités géopolitiques de l’Occident.
Par ailleurs, outre les guerres extérieures et les facteurs exogènes, coups d’état et instabilité politique dans le Sahel et en Afrique ajoutent aux facteurs qui découragent les partenaires étrangers, y compris ceux qui s’investissent dans les questions de sécurité. Il en découle actuellement un ralentissement inquiétant, pratiquement synonyme de pause, dans les activités de réflexion stratégique au sujet des défis sécuritaires qui affectent cette région. Résultat du fait que ces activités sont pour l’essentiel financées et soutenues par les puissances occidentales, par leurs Etats et/ou par des organismes ou institutions non gouvernementaux qui en dépendent ou régis par leurs juridictions.
Le vide ainsi engendré par leur recul fait le jeu des Chinois, des Russes et des pays émergents : Turquie, Iran, Brésil...
En tant que Sahéliens, ne restons pas passifs, saisissons l'occasion et ayons notre mot à dire. Travaillons pour diversifier et fructifier nos partenariats mais aussi et surtout pour assainir nos conditions politiques et améliorer nos stratégies et outils de défense et de sécurité. Parallèlement, et en renfort de cet effort sur nous-même, œuvrons pour que les nouveaux rapports géopolitiques, auxquels nous aspirons, ne consistent pas à supplanter la "Légion étrangère", les "Troupes de Marine" ou les "Marins", par Wagner ou par d'autres forces étrangères.
El Boukhary Mohamed Mouemel
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