Quelle canicule infernale en cet instant à Nouakchott ! Le volant de la voiture vous brûle les mains. Heureusement que j'ai du papier mouchoir pour me protéger.
Le clim tarde à faire baisser la température, me mettant devant un dilemme difficile :
"Dois- je le mettre au maxi et contribuer ainsi un peu plus au réchauffement climatique, ou dois- je plutôt supporter cette terrible canicule ?".
J'opte pour le second choix, sans gaîté de cœur : "c'est quand même un peu maso", me dis- je.
Mais je ne m’attarde pas trop sur ce sentiment : de l’autoflagellation que j’évacue rapidement.
Je suis en effet convaincu que le changement climatique constitue le premier risque que nous vivons tous, collectivement et individuellement, et que nous en sommes tous responsables.
Les politiques publiques sont effectivement fondamentales, mais les pratiques et actions individuelles, prises par chacun de nous, dans sa vie quotidienne, ont le plus important rôle par rapport ce défi majeur. Soit: elles contribuent au dérèglement climatique et ses préjudices, soit : elles atténuent ses causes et ses impacts négatifs. Prenons-en conscience et agissons en conséquence en revoyant nos modes de consommation.
Je ne cesserai jamais de répéter le même message :
"Nous imposer des limites et des contraintes écologiques est inévitable. Notre bonheur, l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants sont à ce prix".
A ceux qui me lancent à la figure sur un ton, parfois serieux et souvent mi moqueur, mi ironique : « colonel vert »[i], je réponds :
«Le qualificatif ne me gêne pas trop ; au contraire il m'honore et je souhaiterai en être digne. Cependant, le changement climatique et la détérioration de l’environnement, qui en résulte ne me frappent pas plus que vous. En prendre conscience et accepter quelques sacrifices indispensables ne fait pas forcément de vous ni de moi, des « militants écolos » et encore moins des masochistes ».
C’est vrai cependant, que les mouvements et organisations politiques, dits « écologiques », se veulent être à l’avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, ce combat n’est pas spécifiquement le leur. C’est l’affaire de tout le monde. Il n’est pas le monopole des « verts » ou des « rouges ». Il est incolore.
Même les climato sceptiques s’en mêlent, prétextant qu’ils portent la bannière à leur façon. Ils disent adhérer à la lutte contre le changement climatique, mais récusent les sacrifices et contraintes que cela requiert.
C’est dire que le défi ne laisse personne indifférent. Même les inconscients qui ne veulent pas, ou ne savent pas, s’y engager, ont beaucoup de mal à échapper. Leur je-m’en-foutisme, parfois déclaré,[ii] manque de lisibilité et de consistance et constitue de fait un facteur retardateur sur la voie de la lutte contre le réchauffement climatique. Il y a lieu de mener en leur direction une large et profonde action pédagogique. Une campagne tout azimut destinée à informer et sensibiliser populations, décideurs, relais et leaders d'opinions sur le défi climatique et ses lourdes conséquences en particulier pour notre pays et sa zone sahélienne qui est parmi les régions les plus affectées par le phénomène.
El Boukhary Mohamed Mouemel
[i] L’auteur est un colonel de l’armée mauritanienne à la retraite.
[ii] Il y a actuellement un courant de pensée naissant dont les adeptes se disent « climato je-m’en-foutistes ». Mais leur argumentaire ne les fait pas vraiment distinguer des climato sceptiques.
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