Bravo Malouma, merci Catherine !

Je suis l’un des grands « fans » et amis de la diva mauritanienne Malouma Mint El Meidah. Elle vient de m’envoyer une étude écrite au sujet de sa musique par Catherine Taine-Cheikh[i]. Le premier sentiment qu’elle m’inspire, bien qu'elle remonte à un peu moins d'une décennie, se résume en quatre ou cinq mots : bravo l’artiste, merci la chercheuse.

Malgré que mes connaissances en musicologie soient trop modestes, j’ai apprécié comment l'auteure a lié l’engagement politique et la « révolte » de Malouma à ses magnifiques évasions artistiques modernistes en empruntant au jazz, au blues… Mais outre l’évocation de ce voyage à travers la musique internationale, inspirant pour la "diva", il me semble que Catherine Taine-Cheikh a surtout vu juste en s’intéressant spécialement aux paroles.

Car, en effet, là, la « diva du sable » innove clairement, tant dans la forme poétique que dans le fond.

La métrique habituelle, en usage en poésie classique, arabe ou hassanya, Maluma s’en moque. Fréquemment parolière de ses chansons, elle écrit les mots suivant une prosodie qui lui est propre.

Quant au fond, elle sort également des sentiers battus, mettant sa musique au service de ses propres convictions politiques. Ce qui n’est pas le cas généralement des griots qui observent une certaine « neutralité ». Se comportant comme tout fournisseur de service de communication, chaque musicien « vend » souvent son produit selon la loi du marché : l’offre et la demande, indépendamment de l’opinion politique qu’il se fait du "client".

Bien entendu, les périodes électorales sont propices à ce type de marchés culturels. Malouma y participe en chantant pour le camp qu'elle soutient.

En outre, comme l’a si bien dit l’auteure, Malouma, ose, par ailleurs, notamment dans « Habibi habeyytou » (‘mon chéri, je l'aime’). Dans ce morceau, elle chante haut et fort "l'interdit", le tabou. Elle fait éclater au grand jour ses sentiments d’amour, défiant les traditions et règles séculaires de « pudeur » qui régissent la société maure. Ce qui rejoint quelque part son engagement, politique et intellectuel, fort. Un engagement profond qui va au-delà de la politique nationale pour embrasser des thématiques de portée internationale, comme l’écologie et les défis du changement climatique.

 Le parallèle entre Dimi Mint Abba et elle est presque inévitable. Les deux dames appartiennent à la première génération de musiciennes mauritaniennes qui ont grandi après l’indépendance du pays. Elles vont vite émerger, et ne cesseront de briller toutes les deux jusqu'à la mort subite, le 04 juin 2011, de Dimi- qu’Allah aie son âme. Elles marqueront de leurs empreintes artistiques indélébiles la musique mauritanienne moderne, chacune à sa façon.

Plus conventionnelle, et pas vraiment engagée politiquement, Dimi est moins tournée vers le changement que Malouma. Elle met beaucoup en valeur son sens inné de convivialité, ses réseaux d’amitié et son aura. Outre sa joviavilité et sa simplicité exemplaires, si tout cela lui réussit, c'est principalement grâce à ses magnifiques talents de chanteuse : la beauté extraordinaire de sa voix et sa maitrise parfaite des rythmes. 

Mais là aussi, Malouma ne manque pas de talent, ni d’atouts. Loin s’en faut ! Sa créativité débordante se nourrit, en plus, d'une profondeur personnelle, riche et complexde. (Nous y reviendrons inchallah).

El Boukhary Mohamed Mouemel

 

 

[i] Si l’auteure n’y voit pas d’inconvénient, nous avons l’intention de publier cette étude dans notre journal électronique : MAURIACTU.INFO. La tâche sera d’autant plus facile, si nous obtiendrions le texte sous forme de fichier Word. Des démarches sont engagées pour ce faire.

 

 

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