Hier se sont déroulés trois élections de type différent, et dans trois pays différents : des régionales en France, des municipales en Arabie Saoudite et un référendum constitutionnel en Centrafrique. Naturellement chaque scrutin a ses propres enjeux, son contexte, sa signification…
Par exemple : les médias internationux ont mis l’accent sur la participation des femmes au scrutin saoudien comme une première dans l’histoire du royaume wahabite, sur la percée inquiétante de l’extrême droite en France et sur la violence et l’insécurité graves qui ont perturbé le déroulement des opérations de vote dans un ou plusieurs quartiers de Bangui. Mais au-delà de ces différences factuelles qui tiennent à des spécificités de plusieurs ordres, culturel, historique, géopolitique… propres à chacun des pays concernés, une analyse un peu poussée révèle au moins un dénominateur commun aux trois évènements : un extrémisme idéologique conjugué à un manque de vraies perspectives politiques.
En effet, les trois élections se recoupent quelque part. Leur jonction s'établit par le fait qu'ils sont assujetis à la force du radicalisme et de l’extrémisme et leur poids, à l’illisibilité des discours adverses et à l’embarras et aux tâtonnements dangereux des auteurs de ces discours. Quel que soit leur camp politique ou idéologique, ces derniers ont en réalité beaucoup de mal à se départir des visions monolithiques qui laissent peu de place aux vertus du doute.
S’agissant de la France par exemple, ce grand « pays des droits de l’homme » et son intelligentsia démocratique se démêlent dans l’incohérence, ne sachant pas trop comment faire face à l’avancée, régulière et forte, de l’extrême droite. Leur embarras est si persistant au point de tomber toujours dans leurs propres pièges de ''diabolisation'' de l’adversaire ou de ‘’récupération’’ de ses arguments. Leur extrémisme verbal à l’encontre du Front N ational ( FN), la réappropriation de ses idées, s’avèrent totalement contre productifs. Depuis plusieurs décennies, ils font exactement comme des médias en quête de sensationnel.
A force de chercher des scoops forts, ces derniers font du zèle en traitant les faits ou acteurs les plus detestables, comme les criminels ou les des terroristes et leurs actions. Ils amplifient leur capacité de nuisance, exagèrent leur génie diabolique, véhiculent leurs messages... au point de les embellir parfois. De la sorte, inconsciemment, ils transforment les criminels et hors la loi en ‘’supermans’’, en ‘’héros’’, en ‘’rêveurs fréquentables’’ et même attrayants, aux yeux de bonnes franges de l’opinion publique, notamment parmi la jeunesse dont certains indivudus ou groupes d'indivudus risquent de finir par les prendre pour des "victimes condamnés injustement par « le système » en place".
Ainsi, beaucoup de médias, d’hommes politiques, de leaders ou relais d’opinion, légitiment et cultivent, sans s’en rendre compte, la culture de la violence, la culture du rejet de l’autre. Peu importe par la suite l'aspect qu'elle revêtira, cette’’ culture du mal’’ finira par s’exprimer sous forme physique, ou verbale, ou en empruntant, le cas échéant, la voix des urnes et celles des moyens d’expression légaux. C’est sous cet angle, à mon sens, que l’on doit d’abord essayer de donner une ‘’visibilité’’ aux succès qu’enregistrent de plus en plus aujourd’hui l’extrême droite et les mouvements populistes dans les élections en Occident et aux échos favorables de leurs discours auprès de l’opinion publique un peu partout dans le monde.
De même, c’est la propagation souvent involontaire de cette culture d’intolérance, de négation du droit à la différence, du refus de l’autre, qui nourrit sournoisement le conservatisme et le communautarisme séculaires, ou modernes, au Moyen-Orient, en Afrique et dans le reste du monde; c’est elle qui retarde et empêche l’avènement d’élections municipales démocratiques répondant aux normes internationles en Arabie Saoudite ; c’est elle qui alimente la guerre civile, la violence, les crises sécuritaires qui perturbent et entrave la planifaication ou l'éxécution des échéances électorales en Centrafrique et partout ailleurs où la quiétude et la sécurité des populations sont menacées.
Bref : les clichés véhiculés maladroitement au sujet des ‘’dangers de l’extrême droite » en France et en Occident, des ‘’menaces de l’intégrisme religieux’’ en Arabie Saoudite et dans le mode musulman, du ‘’chaos lié à l'ethnicisme’’ en Centrafrique et dans le Continent noir, conduisent, tous, à une même conséquence dangereuse : développer et disséminer la culture de l’intolérance.