- « Dans mon pays, la Mauritanie, on dit « yogui » pour exprimer son amour, son estime, pour quelqu’un, pour quelque chose », dis-je cet après - midi au prof du yoga lors de notre première rencontre. Je lui ai précisé qu'il s'agit d'un mot hassanya, une langue arabe locale
- « Vous êtes susceptibles tous d’être de grands yogis alors», me répondit-t-il aimablement.
Puis, il étala un dépliant, tout en parlant en mandarin pendant un bon petit moment du contenu de son document.
Et ce fut de nouveau le tour de l’interprète de me traduire les propos du maître au sujet du programme d’enseignement.avant de conclure son explication par une réflexion qui m’a interpellé :
- « Ce sont justement l’esprit d’amour et la paix intérieure qui fondent le yoga. Au Sahara vous les avez déjà en vous. Que voulez-vous connaitre de plus ? ».
Après quoi, mes deux interlocuteurs se taisent, me fixant poliment de leurs regards à la fois discrets et interrogateurs, comme s'ils s'attendaient à une réaction de ma part.
Ne voulant pas les décevoir, je lâche vaguement :
- « Il n’y a pas en effet de plus rassurant que de se sentir en paix, et d’abord avec soi-même ».
Dans un grand éclat de rire, le prof rétorque joyeusement :
- « Voilà qui me facilitera la tâche quand nous aborderons la partie yama et la partie niyama ».
Je n’ai absolument rien compris, sauf que ces deux mots je les rencontrerai très probablement dans le programme. Mais je n’ai rien pu dire, constatant que les deux hommes ne cachaient plus leur désir d’écourter cette première prise de contact avec leur futur élève.
Ils ont bien l'air de vouloir économiser le temps en attendant le démarrage effectif des leçons qui aura lieu dans deux jours.
Par contre pour moi, avec l’avant goût que je viens de recevoir, deux jours d’attente me semblent trop longs ! Pire: comme toute l'histoire est fictive, je cherche toujours comment concrétiser ce rêve qui m'habite depuis longtemps : devenir yogui.
El Boukhary Mohamed Mouemel
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