Comment les Américains ont-ils pu prévoir depuis hier ou avant hier les attentats de l'aéroport de Kaboul, survenus il y a un peu plus d'une heure ?
Je présume, avec pas mal de certitude, que l'écoute électronique a été- et reste- leur principale source d’information. Je suis persuadé également, qu’en Afghanistan, ils ont pas mal de défauts en matière de renseignement humain. Par contre, les Talibans possèdent en principe beaucoup d’indicateurs et d’agents de renseignement parmi leurs propres communautés, au sein de leurs tribus et parmi les populations autochtones.
A défaut d’intégrer, chacune, les deux sources, les deux parties coopéreront-elles de manière à permettre un emploi complémentaire entre les moyens technologiques américains et les moyens humains « talibans » ?
Répondre par l’affirmatif est difficile et risqué. La perspective n’est toutefois pas à exclure.
En effet, une certaine forme de coopération et de coordination est envisageable, même si elle sera entachée de conflits et de méfiance entre les deux parties.
Selon les informations disponibles, « l'État islamique » (EIIS) est le groupe armé qui a mené l'opération. C’est ce que confirment les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Quant aux Talibans, ils semblent confus et n'ont encore rien dit à ce sujet. Mais, sur le plan médiatique, leur silence sera certainement de courte durée. Dans leur réponse, ils ne manqueront probablement pas d'essayer de faire incomber, dirctement ou indirectement, la responsabilité de l'évènement aux Américains. Ce serait une réponse du berger à la bergère.
Il faut s’attendre également à des changements dans leur attitude face à un défi terroriste qui les vise désormais en tant que première autorité, politique et publique, au pouvoir. Pour y faire face, ils ont intérêt à coopérer le plus tôt possible avec leurs ennemis d’hier avec lesquels ils se trouvent maintenant face à un ennemi commun. Ce qui requiert la mise en place de structures étatiques normales qui commencent par la désignation d'un gouvernement afghan.
Combattre DAECH, et probablement d’autres groupes armés fondamentalistes en désaccord idéologique avec les Talibans, devrait constituer un front commun que partageront ces derniers et les Américains. En outre, les nouveaux maitres de Kaboul sont appelés à combattre sur d’autres front internes : contre des dissensions armées prévisibles en leur sein, contre des oppoants afghans qui résistent à leur autorité…
Il y a toutefois risque que des puissances étrangères surfent sur ces vagues internes, de querelles et conflits, dans le pays. C’est dire que la complexification de la situation sécuritaire a de beaux jours devant elle en Afghanistan.
El Boukhary Mohamed Mouemel
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