Une énigme plurivoque, comme on aime lire.

Un voyage magique à travers cette belle fiction qui vous plonge dans l’histoire lointaine et dans l'actualité en cours de développement ! Vous essayez d’y jeter un coup d’œil rapide, et ça y’est : vous en devenez captif. L’auteur, Mohamed Salek Ould Brahim, vous embarque agréablement, tout de suite, dans un long voyage sur un terrain immense à trois dimensions : géographique, temporelle et thématique.

Au bout d’un peu plus du Chapitre premier, j’ai sillonné avec lui tellement d’espaces. Des lieux, matériels et immatériels, que j’ai fréquentés- ou que je fréquente toujours, d’autres que je découvre.  L’homogénéité du parcours avec son relief varié, son magnifique tracé et la diversité des repères qui le jalonnent ne me laissent pas d’autres choix que de continuer la lecture.   

En bon touriste virtuel, ma curiosité est attisée à chaque point d’arrivée, à chaque rencontre. Dans mon pays bien entendu, mais aussi ailleurs : Vienne, sa magnifique bibliothèque, très ancienne, qui date de plus de 700 ans, l’architecture baroque de celle-ci, la richesse de son fonds, la vivacité du portrait poétique qu’en dresse l’auteur… sont magiques

Je suis également très ému par l’amour profond et le style poétique avec lesquels il parle d’Atar, de Chinguity, de Wadane, d’Azougui… De leurs oasis et peintures rupestres gravées sur les hauteurs qui surplombent les oueds de l'Adrar, des opportunités touristiques que la région recèle, de ses sites historiques et culturels, des défis sécuritaires qui en découlent ; de la région du fleuve, de la culture mauritanienne, moderne et millénaire, de ses artisans, de ses passeurs et déchiffreurs de son archéologie et symboles historiques, nationaux comme étrangers : de l’imam Al Hdrami, d’El Moctar Ould Hamidoune, de Théodore Monaud

Tout cela me capte totalement alors que je reste fasciné par la façon dont l’auteur le raconte dans une trame romanesque remarquablement bien tissée, réussissant à réunir les pièces constitutives du puzzle, à les mettre en corrélation artistique, fonctionnelle et indéfectible. Ce beau narratif, imagé et multidimensionnel, culturel et historique, universel et local, ne serait-il pas au fond ce qui fait l’énigme en question ?  J’ai tendance à le penser.

Mais attention, Mohamed Salek Ould Brahim n’a pas encore dit son dernier mot. J’attends impatiemment le dénouement qu’il a choisi pour son roman. Et au rythme avec lequel j’ai avalé la première partie, cela ne saurait tarder.

Cependant, à la lumière du premier tronçon, d’une quarantaine de pages déjà parcourues,  je reste persuadé que l’aboutissement final de l'histoirre n’est pas univoque. Au contraire, il est pluriel, et multiforme. Autrement dit : comme toute vraie œuvre littéraire ou artistique, digne de ce nom, « l’énigme de l'Evangile de Barnabé »[i] est polysémique, se prêtant à plusieurs angles de lecture. C’est en tout cas sous cet angle que je m’explique l’attrait qu’elle exerce fortement sur moi.

Tel est mon ressenti en tant que lecteur satisfait et profane, amateur et passeur de mots. Et le périple continue.

 

El Boukhary Mohamed Mouemel

 

[i] En arabe : لغز إنجيل برنابا

category: 

Connexion utilisateur