Aucune présidence de la Ligue arabe ne peut prétendre combler aujourd’hui la grande disproportion entre les grandeurs du passé et les disgrâces du présent, ni d’effacer les alluvions de plusieurs décennies de déchéances avec son cortège de marginalisation, de divisions intestines et de conflits.
Elle peut tout au plus, au cours du mandat qui lui est imparti, fonder son action et fixer ses objectifs conformément à ses propres atouts.
L’histoire, la géographie, notre capital relationnel et les résultats probants en matière de lutte contre le terrorisme : Tous ces atouts de poids invitent la Mauritanie à réussir cette présidence de la Ligue arabe en dépit des difficultés y afférentes.
L’histoire et la géographie nous prédisposent, plus que n’importe quel autre pays arabe, à être non pas un trait d’union, cette position artificielle et mécanique reliant deux entités distinctes, mais un élément commun actif entre le monde arabe et le monde africain. Un rôle que nous avons historiquement rempli à travers la diffusion culturelle, religieuse et linguistique ; à travers aussi la circulation des biens et des personnes entre les deux espaces géographiques. Un rôle que nous avons récemment revitalisé par le biais de la présidence réussie de l’Union africaine. Un rôle qui doit faire aujourd’hui de la coopération arabo-africaine un axe prioritaire de notre présidence de la Ligue arabe.
C’est pourquoi tout le potentiel relationnel et l’expérience du président Aziz en Afrique, tout le prestige et l’estime retrouvés de la Mauritanie dans le concert de l’union africaine, constituent des facteurs de poids pour organiser à Nouakchott une grande conférence arabo-africaine au cours de notre mandat. Elle doit être une occasion historique pour jeter les bases modernes d’une coopération stratégique revitalisée et mutuellement avantageuse pour les deux parties sous l’égide de la Mauritanie. Une coopération politique, économique, culturelle et sécuritaire.
Sur le plan politique pour rapprocher les vues des deux espaces géographiques concernant les thèmes d’intérêt commun ; au premier chef desquels le problème palestinien en contre carrant la tentative de pénétration israélienne en Afrique.
Sur le plan économique à travers l’investissement des fonds arabes en Afrique dans les secteurs générateurs de développement socio-économique pour l’Afrique et de retombées financières pour les Arabes. L’Afrique est considérée aujourd’hui à juste titre comme un continent d’avenir comme l’atteste l’engouement pour le continent noir des anciennes puissances du monde et des puissances émergentes. L’absence du monde arabe de l’Afrique noire, malgré les affinités multiples et la proximité géographique, n’est pas justifiée et ne saurait en conséquence perdurer. Mais sa présence ne peut pas se limiter à de bonnes intentions dans lesquelles le verbe ne peut plus être roi au regard de l’âpre concurrence qui sévit sur Afrique. Des actes concrets sont nécessaires de la part des états arabes nantis.
Sur le plan culturel, par le biaisd’une présence plus prégnante de la culture arabo-musulmane en Afrique à travers les mosquées, l’enseignement original, les échanges universitaires, les centres stratégiques et de recherches, les bourses d’études. La culture est le puissant socle sur lequel se pérennise toute relation qui se veut durable entre les peuples.
Sur le plan sécuritaire, car les deux espaces géographiques sont devenus le terrain de prédilection des mêmes groupes terroristes appartenant à la nébuleuse islamiste. Et devant un ennemi commun aussi perfide que le terrorisme, seule une action commune est à même de l’endiguer.
Et la Mauritanie, de par sa position géographique et la réussite de sa stratégie de lutte multidimensionnelle contre le terrorisme, est tout indiquée pour abriter une rencontre internationale de haut niveau à laquelle participeront les pays africains, arabes, les structures communes de lutte déjà mises en place, les européens, les nations unies. Ce « sommet mondial de lutte contre le terrorisme » serait un acquis éminemment important dans la lutte contre le fléau du siècle qu’est le terrorisme sous toutes ses formes.
Cette rencontre sommet mondiale apporte aussi des solutions efficaces et pérennes aux grands conflits qui menacent l’existence de certains pays arabes comme la Lybie, la Syrie, le Yémen, l’Iraq, la Somalie, mais aussi celle de plusieurs Etats africains. Des conflits qui requièrent en plus de la puissance militaire, une approche globale et multidimensionnelle dont la réalisation peut se faire sous la houlette de la Ligue arabe.
Avec l’organisation des deux sommets en Mauritanie, celui de la conférence arabo-africaine et le sommet mondial de lutte contre le terrorisme, notre présidence restera inscrite en lettres d’or dans les annales de la Ligue arabe.
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