Au risque de paraitre énoncer une tautologie, il convient de rappeler sans cesse que le dialogue est une nécessité rationnelle et impérieuse dans une démocratie. Il ouvre toujours une place, une fenêtre au milieu du néant de la subjectivité politique. Il aide l’homme politique à se décentrer, à briser son narcissisme politique naturel, à se surpasser pour un horizon de grandeur et de perspective communes que la recherche du profit égoïste occulte et même étouffe.
Il fait partie aussi de ce legs ancestral vertueux ancré dans notre inconscient collectif qui sert, à chaque fois que de besoin, à dépasser les blocages et les incompréhensions, au service de quelque chose de plus que soi-même. Et cela est d’autant plus exaltant que ce « quelque chose »concerne le présent et surtout l’avenir de la Mauritanie.
Un avenir qui exige nécessairement de nous, majorité et opposition, de nous parler et de nous écouter car notre temps est celui de l’imprévisible, des défis internes et externes. Mais surtout parce que ce qui nous unit est plus important. Nous devons porter, au-delà de nos appartenances politiques, le même regard amoureux sur la Mauritanie. Un pays qui connait certes les mêmes problèmes que ses voisins, mais qui a enregistré, plus qu’eux et dans un laps de temps très court, des avancées substantielles dans les domaines politique, socio-économique, culturel, sécuritaire et diplomatique ; des acquis qui font notre fierté et que nous devons par conséquent préserver comme la prunelle de nos yeux.
Des avancées incontestables dont l’allure et la portée seraient davantage potentialisées et renforcées avec la participation active et effective de tous. Surtout, et hormis de petites nuances qui peuvent séparer les uns et les autres, notre classe politique est fondamentalement d’accord, une fois mis fin à ses querelles carnassières et à ses affrontements artificiels, sur les objectifs à poursuivre ensemble.
Mais cette participation, tant souhaitée par le président de la république, Mohamed Ould AbdelAziz et l’ossature du peuple mauritanien, doit non seulement être clairement affirmée dans les discours politiques, mais sous-tendue et concrétisée réellement par un élan sincère de cœur, par une conviction profonde, à la mesure de cette mission sublime.
Cela suppose une action et un objectif communs qui divorcent avec le calcul égoïste de la politique politicienne et l’affaissement de l’éthique qui conduisent toujours à une conception réactionnelle, passionnelle, irrationnelle ; une conception qui fait de la politique une lutte de l’instant fondée sur la loi de « tout ou rien » où elle y perd sa hauteur, sa densité et même sa raison d’être.
Cela suppose le dépassement du ressentiment qui n’est jamais un guide pour l’action responsable et encore moins le meilleur chemin vers l’avenir commun.
Cela suppose le courage politique, cette sagesse qui surplombe les divisions contingentes et les passions humaines pour amener les hommes à se retrouver ensemble, à discuter, à dialoguer, à consentir des concessions dans l’intérêt bien compris de la Nation.
En somme, nous devons rompre avec une situation politique de méfiance et de division qui n’a pas sa raison d’être ; faire en sorte que l’intérêt national soit notre seul mobile. Et que, par le biais d’un dialogue politique sincère, nous dépassions cette désespérante et lassante répétition d’un présent sans avenir dans lequel nous sommes confinés ; et pour que le futur à accomplir ensemble l’emporte sur le fait accompli stérile.
Docteur AbdallahiOuld Nem
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