Un ancien ministre écrit : « Dites à Bouamatou que la présidence de la République n'est pas à vendre »*.

Hamdi ould Mouknass était assis, derrière le drapeau de la Mauritanie lors d'une réunion des ministres des affaires étrangères africains, en prélude à un sommet imminent de l'Organisation de l'Unité Africaine. C'était le 10 juillet 1978 à Khartoum. Le sommet des chef d'Etat, tenu du 18 au 22 juillet 1978 à Khartoum, aboutit à la désignation de l'écrivain togolais Edem Kodjo.

Tout juste derrière lui se trouvait l'ambassadeur et émir Sidi Mohamed ould Abderrahmane.

La délégation mauritanienne finit par apprendre que le président avait été emprisonné et l'ambassadeur en informa le ministre des affaires étrangères discrètement, en lui murmurant des mots à l'oreille.

Celui-ci se leva tranquillement, alla vers un coin éloigné pour faire des appels téléphoniques qui confirmèrent la véracité du coup d'État, puis revint à sa place pour à peine une minute ou deux afin de dire au prince ambassadeur que la représentation de la Mauritanie lui échoyait, en vertu du principe de la continuité de l'État, qui est au-dessus des individus.

La mine triste, il sortit du sommet panafricain, fit ses valises et prit la direction de la France.

Les agences de presse étaient à sa recherche. Il était en compagnie du Consul Honoraire Pinders qui ne manqua pas de lui proposer de séjourner avec lui dans un appartement qu'il possédait à Paris.

Dans une tentative de l'exhorter à rester là, car ould Mouknass souffrait d'un cancer de la gorge pour lequel il suivait un traitement dans la capitale française.

Ould Mouknass déclina de nombreuses offres d'exil, assorties de conditions attrayantes, en raison d'une décision fort simple qu'il n'hésita pas le moins du monde à prendre. Si Moktar ould Daddah avait commis un quelconque crime, il ne pouvait qu'en être complice!

À son retour à Nouakchott, il fut cueilli à l'aéroport pour être conduit en prison, pour retrouver ses camarades. Il connut les geôles sahariennes. Il fut respecté et aimé des gens jusqu'à sa mort.

Au contraire d'Ould Mouknass, son cousin Sidi Mohamed ould Boubacar était premier ministre de gouvernements successifs de Maaouiya, directeur de son cabinet, président de son parti.

Et, pour l'écarter, Taya le fit ambassadeur à Paris, fonction dont l'occupant possède, dit-on, les trois-quarts de la diplomatie et la moitié des renseignements extérieurs.

À l'égal des grands de la cour palatine du temps de Taya, ould Boubacar veillait à satisfaire celui-ci coûte que coûte, justifiait ses actes avec ténacité, pour ne pas dire effronterie. Il est demeuré sur cette voie sans jamais en dévier.

Le jour de la chute de Taya, une étrange information relayée par le site de l'AMI résumait à elle seule la personnalité de Sidi Mohamed ould Boubacar: l'ambassadeur de Mauritanie à Paris supervise l'ouverture d'une classe d'alphabétisation dans les locaux de l'ambassade.

Sur la photo, nous voyons son excellence entouré de deux chauffeurs, d'un domestique et d'un tableau noir!

Mohamed ould Bouamatou a pu convaincre Ély ould Mohamed Vall de nommer Sidi Mohamed ould Boubacar comme premier ministre et l'a installé dans un palais qu'il (ould Bouamatou) possède à Tevragh Zeina (soit dit en passant, c'est le même palais qu'ould Bouamatou offrira à la fille de Mohamed ould Abdel Aziz.

Ould Boubacar mettra du zèle à exécuter tout ce que veulent ould Bouamatou et Ély, sans oublier les centres influents du pouvoir.

Le président du Parti des Élites, Moulaye El Arbi ould Moulaye Mohamed, dit Chriv Néma, a révélé que son conflit avec Bouamatou a pour raison son refus de dettes fictives que l'homme d'affaires entendait encaisser de la part de la Sonimex via sa banque.

Suite à son refus d'obtempérer aux ordres de l'influent banquier, le premier ministre, qui n'était autre que Sidi Mohamed ould Boubacar!, a adressé un ordre écrit au ministre des finances pour payer le montant fictif exigé par Bouamatou.

La désobéissance du jeune Moulaye El Arbi aux desiderata de l'homme d'affaires lui a valu bien des affres.

Durant, son deuxième gouvernement sous Ély ould Mohamed Vall, ould Boubacar ne s'est pas même empêché de qualifier le régime de Taya de tous les maux, des plumes rétribuées le présentant comme étant l'aile civile des putschistes et l'indispensable cerveau pensant du régime d'Ely!

Ould Mohamed Vall quittera la scène et rejoindra l'opposition, avant de se présenter contre ould Abdel Aziz. Ould Boubacar se départira de toute dette morale vis-à-vis d'Ely en offrant ses services à Aziz, comme si ould Mohamed Vall ne le concernait en rien !

Voilà qu'aujourd'hui ould Bouamatou s'évertue à acheter la présidence de la République pour le ci-devant sieur Sidi Mohamed ould Boubacar !

Lequel semble avoir obtenu l'accord du Forum. À supposer que le FNDU ait agréé cette candidature, qui les assurera (les ténors du Forum et Bouamatou) que leur candidat respectera son engagement ou sa dette morale envers eux?

Comment obtiendraient-ils ce que Maaouiya et Ély n'ont pu obtenir tour à tour ?

Dites à Bouamatou que la présidence de la République n'est pas à vendre et que c'est une fonction trop sérieuse pour être obtenue de la sorte!

Faites savoir aux partis de l'opposition qu'Umar ibn al-Khattab avait dit un jour: ''Si j'étais commerçant, je me serais fait fait marchand de parfum. À défaut de pouvoir en vendre, je me serais parfumé !'''

En d'autres termes, l'opposition aurait dû chercher un candidat qui, même en cas d'échec, il ne serait pas une honte qui la poursuivrait des générations et des générations durant.

Prenez garde: la Mauritanie n'est pas un jouet entre vos mains!

Par Mohamed Ould Moine

(Texte traduit de l’arabe par Med Yahya Abdel Wedoud).

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* "Ould Boubacar, président ?! " est le titre originel qu’ a choisi l’auteur.

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