Souffles sahariens : Un numéro double de bonne facture

La revue Souffles Sahariens, éditée parl’Association des écrivains mauritaniens d’expression française vient de paraître sous forme d’un numéro double (7et 8), dans un  dans ce contexte particulièrement délicat marqué par la pandémie de Covid-19 et ses multiples répercussions, y compris sur l’activité intellectuelle dans le monde entier et en Mauritanie évidemment. 

Ce numéro double, qui se veut différent et des autres et original comme à chaque parution, et offre sans de nouveaux centres d’intérêt et propose aux lecteurs de nouvelles pistes de réflexion. Il se caractérise son ancrage dans  les littératures orales véhiculées dans les différentes langues nationales, en profitant avantageusement d’un colloque qui s’est tenu à Nouakchott, au cours duquel les chercheurs du Groupe de recherche en littératures africaines (GRELAF), dont les tous les membres le sont par ailleurs de L’AEMEF, pour montrer la richesse, la diversité et l’importance du patrimoine culturel national longtemps minoré et qui risque de disparaître si des mesures de collecte, de traduction et de sauvegarde ne sont pas mises en œuvre.

Au niveau de la compostions, le numéro 7-8 reprend les rubriques habituelles de la revue. Il traite dans sa rubrique essentielle Essais, de littérature française et sa critique, avec un articleoù Mohamed Oud Bouleiba s’attache à dévoiler les multiples facettes du « maître » incontesté de la « Nouvelle critique », Roland Barthes etde la révolution de la Nouvelle critiquedont il a été un des maîtres initiateurs.

Toujours dans la même rubrique, les actes du colloque du GRELAF autour des littératures orales exprimées dans les différentes langues nationales (hassaniya, pular soninké et wolof)sont repris, en même temps que les corpus sur lesquels s’appuient les différentes communications : Mamadou Dahmed dans un article intitulé « Les Métamorphoses de l’ogre amoureux : une lecture Sémio-comparative de contes hassaniya » propose un aperçu critique et méthodologique sur un des principaux genres de la littérature orale hassaniya, Idoumou Mohamed LemineAbass, sous le titre très évocateur « Poésie des lieux et lieux poétiques dans l’oraliturehassaniya »,analyse les spécificités thématiques et rhétoriques de ce genre  etKalidou Mamadou Bâaborde la littérature orale pulaar dans un texte intitulé« De la politique à la poétique ou l’accomplissement d’un engagement total dans Sawrugumdo (bâton d’aveugle) de Kaw Touré ».

La littérature négro-africaine est elle aussi interrogée dans ses origines et la permanence de son idéologie fondatrice, la Négritude, à travers la dualité de sa présence aux Antilles dans un article de Diop Mamadou « L’héritage de la Négritude aux Antilles »,alors que la littérature maghrébine se voit traitée à travers un parcours des figures féminines qui l’ont portée dans un article d’Imèn Moussa intitulé« Parlons d’aujourd’hui : Portraits d’auteures du Maghreb ».

Les rubriquesInformations littérairesetNotes de lectures comprennent respectivement l’annonce de nouvelles parutions et la présentation du roman de Mohamed OuldBorboss L’Enfer, hier dans le corps, aujourd’hui, dans l’âme. Cette présentation est faite par Mamadou Dahmed sous le titre « De l’aliénation de l’esclave à son émancipation ».

Enfin, la rubrique Créations s’ouvre à des nouvelles de l’écrivain Rachid Ly et des traductions de contes hassaniya proposés par Mamadou Dahmed.

Le numéro double de la revue Souffles Sahariens est donc une véritable source de référence littéraire pour les chercheurs, mais aussi pour les amateurs de la littérature et les lecteurs des œuvres de création. Sa parution dans le contexte difficile de ces trois dernières années est une preuve du sérieux de l’AEMEF et de la vitalité de recherche et de la création en littérature mauritanienne francophone.

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