Il y a plus de quatre ans je découvrais le roman de Mbarek Ould Beyrouk , "Le tambour des larmes". Depuis, je l’ai lu et relu plusieurs fois. Et toujours, j’avalai rapidement les 248 pages avec gourmandise.
Profane que je suis, j’ai cru y déceler une belle explication sous forme romanesque, très profonde et très symbolique, du défi qu’affronte tout bon créateur. Le processus complexe, intellectuel et matériel, d’accouchement délicat de l'œuvre de l'écrivain rebelle me semble constituer le fond de la toile qui se profile à travers la trame et le style du roman.
(Voir: "Rayhana, une belle voix d’auteur")
En effet, pour moi, Rayhana, le personnage principal, son bébé que la tribu lui a arraché, car conçu illégalement hors mariage, sa détermination indomptable à le retrouver et sa façon poétique et touchante de raconter l'histoire, sont une belle expression de voix d’auteur. L'auteur révolté qui refuse de se taire, qui tient absolument à son projet, à son bébé, à ce "bout de rêve que personne n’aurait dû m’arracher", protestait la narratrice.
Personnellement, je continue de penser que ce bébé, ce bout de rêve, auquel s'agrippe Rayhana de toute ses forces n'est autre que ce cher projet artistique ou littéraire en gestation que caresse tout créateur quand il a du mal à coucher ses sensations.
Puis, je viens d’apprendre une information confirmant une fois de plus que la voix poétique de Rayhana porte loin. Non seulement dans l’espace francophone où le roman a gagné plusieurs prix littéraires, mai aussi chez les anglophones : « Le tambour des larmes » a été traduit en anglais par une dramaturge polyglotte, romancière et traductrice littéraire, la Britanique Rachael McGill. Il est publié à Londres, sous le titre: The Desert and the Drum, par Dedalus; Édition.
Comme quoi, Rayhana n’est pas seulement une belle voix d’auteur, mais également une belle vitrine pour la littérature mauritanienne sur l’extérieur.
El Boukhary Mohamed Mouemel
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