Pour un compromis historique dynamique

Dans un monde en pleine mutation, dans une nation  arabe en pleine déliquescence, dans une région ouest africaine exposée au danger de l’intégrisme,  les divisions politiques de notre pays constituent une menace potentielle pour un tissu social déjà fragilisé par la prégnance encore vivace  des identités antinomiques de l’Etat moderne. Ces divisions ont pour corollaire  une déperdition de nos énergies, une dilapidation de nos efforts, une évasion de nos atouts, à une époque de notre histoire où elles sont plus que jamais précieuses.  Elles constituent même un luxe que seules peuvent s’offrir, et encore, des nations socialement homogènes,  puissantes et prospères.

Dans un tel contexte aussi hostile, et pour forcer l’allure de sa traversée sereine  vers un futur meilleur, il faut à la Mauritanie, pour un certain temps, un compromis historique  dynamique. Il ne s’agit pas de réinstaurer dans ce pays un parti unique ; loin s’en faut ! Simplement de situer les différences et les divergences à leur juste place dans le cadre d’un dialogue apaisé et démocratique, loin de l’invective et de la surenchère politique qui épuisent la nation tandis que le danger l’assaille. Certes, la démocratie implique l’élection, l’alternance et par conséquent le duel. Mais il y’a, dans l’histoire de  toutes les grandes nations, des périodes de la vie publique durant lesquelles on met en sourdine les querelles carnassières et les affrontements artificiels,  où  il est fait appel à la mémoire et à la sensibilité collectives, à la nécessité impérieuse de l’union dans  l’intérêt suprême du pays : alors, le discours doit se transformer qualitativement, se distendre et se styliser. Surtout que  les Mauritaniens, toutes appartenances politiques confondues, sont unis sur des objectifs communs, même si des nuances de pure forme, portant sur les moyens  à suivre,  peuvent  les séparer  pour atteindre les buts partagés. N’aspirent-ils pas tous aujourd’hui  à quelques vérités communes  afin d’exorciser leur peur de ce qui se passe dans notre entourage ? L’unité nationale, la sécurité, la démocratie, l’éducation,  mais aussi travailler, produire, mieux vivre socialement et économiquement par la distribution horizontale des richesses : chacun sait pertinemment que le destin d’un peuple, enfin de compte, se résume à des objectifs partagés aussi simples. Mais chacun doit savoir aussi que d’incommensurables  réalisations ont été enregistrées dans tous les domaines depuis l’accession du président Mohamed Ould  Abdel Aziz à la magistrature suprême du pays.  Et aux Mauritaniens, majorité comme opposition, de préserver comme la prunelle de leurs yeux  ces acquis communs et d’élargir le segment de ces réalisations avec la participation des différents courants et des diverses opinions, qui, bien harmonisés dans le même sillage, constituent la meilleure voie de salut pour la Mauritanie. C’est pourquoi, un compromis dynamique s’impose aujourd’hui  comme une nécessité nationale, une obligation politique et morale, une valeur de civilisation dans l’intérêt bien compris de notre bien commun : la Mauritanie.    Docteur Abdallahi Ould Nem                         

                                         

Connexion utilisateur