Par le dialogue, penser le présent pour préparer l’avenir.

« Là où il est permis de discuter, on doit aussi avoir l’espoir de s’accorder » Kant.                

S’il est un sujet qui continue de préoccuper au plus haut point l’opinion publique, de résonner même  au plus profond de notre conscience collective, c’est bien le dialogue national, comme respiration de la démocratie et comme une nécessité rationnelle.

Ajourner indéfiniment une nécessité nationale qu’aucune formation politique ne conteste quant à son principe conduit à la longue à un surcroit de temps perdu pour le pays. Par son absence, notre intérêt national en pâtit ; et celui des ennemis du pays s’en applaudit parce que nous nous consumons dans le présent faute de pouvoir nous inventer un avenir commun dans un monde en pleine mutation.

Il est certes important d’avoir laissé « le temps au temps » pour les hésitants et les récalcitrants pour se décider de participer au dialogue national ; même si les raisons du refus qu’ils invoquent soient fallacieuses et les préalables posés un paravent pour dissimuler les véritables mobiles de refus. Soit. Mais aujourd’hui et malgré la magnanimité éprouvée à leur endroit par le Président de la République et que traduisent les reports répétés de la date, on ne peut attendre indéfiniment celui qui a délibérément décidé, pour des raisons particulières que nous trouvons injustifiées, de rester cloitrer dans son sommeil dogmatique et répondre  absent au dialogue national.

C’est pourquoi, le dialogue national tant attendu doit s’enclencher,  sans coup férir, entre le grand segment de notre tissu politique participationniste composé de l’ossature de nos partis politiques, de notre société civile et de nos grandes personnalités politiques. Qui plus est, les résultats, qui en sortiront, en touchant le présent et en se focalisant sur l’avenir du pays, bénéficieront à tous les Mauritaniens, nonobstant leur appartenance politique.

Mais parce qu’il s’agit de penser correctement le présent pour mieux préparer l’avenir, il est impérieux de prendre en considération deux éléments de poids : la prééminence de l’intérêt national, d’une part, et le bon équilibre entre le souhaitable et le possible, de l’autre.

L’intérêt national  est toujours matrice d’une concertation consciente et responsable entre toutes les composantes de la sphère politique. C’est celui qui leur permet  de s’associer réciproquement à leurs destinées en regardant tous dans la même direction, en se préparant pour un avenir commun, en prenant de la hauteur par rapport à l’écume quotidienne de la politique. Ce n’est qu’autour des véritables problèmes nationaux que nous pouvons rassembler les Mauritaniens, en l’occurrence : renforcer davantage l’unité nationale, la démocratie et l’Etat de droit ; raffermir et potentialiser nos acquis enregistrés dans tous les domaines; préserver l’Etat citoyen, fort, respecté et unitaire, en place aujourd’hui, contre les particularismes de tout acabit ; en un mot, les rassembler autour d’un dialogue exclusivement porté par les  nécessités nationales qui, seules, demeurent au-delà des hommes et transcendent les chapelles politiques.

A l’opposé, l’intérêt particulier est toujours borné et mu par les besoins subjectifs et les passions politiques ; il travaille juste pour le présent et l’immédiateté est son seul horizon, il ne prépare rien pour l’avenir ; toujours soumis aux pesanteurs de la politique politicienne. Ce faisant on oublie l’essentiel pour le particulier, on fait même du particulier l’essentiel.

Il faut ensuite trouver politiquement le bon équilibre lors des discussions entre le souhaitable et le possible. Le souhaitable confine à l’illusion et à l’utopie, ou tout au moins à l’irréalisme politique,  s’il n’est pas fondé sur la réalité têtue et incontournable du possible. Et le possible en politique est organiquement lié au rapport de forces entre les différentes parties en présence, la loi d’airain en démocratie. Le passé historique, l’activisme et les slogans ne peuvent en aucune façon nous faire prendre des vessies pour des lanternes et suppléer des résultats irréfragables obtenus à la faveur d’élections présidentielles, législatives et municipales, toutes démocratiques et transparentes.

Au regard de ces objectifs sublimes que vise ce dialogue dans cette phase singulière, les absents, en ratant délibérément ce grand rendez-vous de l’Histoire, laisseront échapper par calcul politique étroit une opportunité exaltante et inégalable : celle de participer effectivement à l’écriture de l’histoire politique de leur pays. Ils en portent, à eux seuls, cette lourde responsabilité historique.

                                Docteur AbdallahiOuld Nem

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