La voile se fendit, le mât se brisa et jaillit d'entre les vagues un jeune prince andalou qui se trouva soudain parmi deux enfants sur une plage sableuse, à l'ombre de géantes montagnes. Et fut Oran.
Tel est l'épilogue d'une histoire d'amour inachevée, tuée dans l’œuf, dans la mesure où au fond de la mer se jeta la princesse fugitive de Cordoue. Et de ce qui plus tard sera communément qualifiée de honte naquit Carthage.
Certes, eurent-ils à fuir tous deux du Liban avec un nouveau-né qui dut s'opposer aux lois du clan. Mais, le jeune homme se noya tandis que survécut la princesse révoltée.
Des scandales des mythes fondateurs, la raison maghrébine pérégrina, dans les reliefs de cette terre merveilleuse aux délicieuses saveurs.
Comment n'en serait-il pas ainsi, alors que cette terre est issue d'une mixture mirifique, faite de lait et de miel, de laquelle provinrent autant de poètes que de friandises maghrébines.
Sous le soleil d'Oran, nous connaissons les éclats enchanteurs de Chab Khaled, les vagues argentées par le truchement desquelles Albert Camus assassina ce jeune arabe que Kamel Daoudi eut le génie d'exhumer de son caveau, l'enrobant par sa prose magique de traits comparables à ceux de Jaavar al-Assouad, émir d'Oran, sorti des vagues, aussi sauvage que les soleils d'Afrique, éclatant que la fougue de l'arabe et censé qu'un intrépide cavalier gothique.
Et voici qu'Oran rejoint la révolution, celle de jasmin, toujours renouvelée aux relents des fragrances d'Ibn Khaldoun et des effluves de Bourguiba. Où se mêlent des succédanés de la voltairienne de Rachid Boudjédra, à jamais enfouie dans l'âme du Grand Maghreb Arabe.
Mohamed Moine**
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*Le titre originel choisi par le traducteur c'est "Oran: genèse d'une révolution".
**Traduit de l’arabe par : Med Yahya Abdel Wedoud.
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