Bakary Waiga, auteur du texte joint ci-dessous, a raison : l’évolution des noms propres, leur imbrication, et leur ressemblance dans certaines régions de la Mauritanie, et plus globalement, sur tout le Continent noir, témoignent d’une fusion aux sources historiques lointaines des populations africaines. Une fusion paradoxale : elle se poursuit toujours en s'accelérant, s'accommodant des impératifs de la modernité et ses contraintes et bravant les barrières linguistiques et socio culturelles, tout en préservant les diversités ethniques.
Les remarques, à la fois simples et profondes, de cet auteur apportent un éclairage aussi concret qu'inédit sur une onomastique africaine, complexe et toujours en mouvement.
Nous les publions ci-après, comme Bakary Waiga les a consignées sur son « mur ».
El Boukhary Mohamed Mouemel
------------------------
Par Bakary Waiga :
« Les ethnies au Fuuta se sont tellement imbriquées que, penser que tel ou tel autre nom appartient à telle ou telle autre ethnie relève un peu ...de la témérité.
Dans un précédent commentaire, j'avais dit que j'étais parti trop vite en besogne en affirmant à ma nièce Madina Bourana Touré que précisément, Dioncounda Sidibe était Soninke. Évidemment c'était une erreur, et je m'en excuse.
Les patronymes ont en effet été sortis de leurs "contextes", voguant d'ethnies en ethnies, de castes en castes, depuis la migration des peuples d'Est en Ouest, la cohabitation qui s'en est suivi. A l'éclatement de l'empire de Ghana, beaucoup de patronymes d'origine Soninke se retrouvèrent assimilés. Certaines sources en ont dénombré dix sept ou plus. Les familles qui sont restées à Soni, ont, elles aussi, été assimilées à l'image de la localité devenue Aswan et, probablement, du Cisse devenu Sissi.
Je signale simplement que comparativement au Wagadu qui daterait du troisième ou quatrième siècle, le Wassoulou est un bébé, puisque datant des années 1800 ( 19e siècle ) et son plus célèbre empereur était Samory Touré, mort le 2 Juin 1900, c'est à dire, presque hier. Ce fut un empire de courte durée.
Donc les peulhs Sidibe qui s'y sont trouvés pouvaient très bien être d'origine Soninke quand on sait que les Bambaras sont la partie dissidente des Soninko. Bambara ou Bamana veut dire en Soninke et Bambara : ceux qui ont refusé.
Beaucoup de noms de familles ont trouvé leurs équivalents dans d'autres langues, comme quand les Bambaras assimilent Sidibe à Sankare, Diallo à Diakite ou Diop à Traoré, où quand certains peulhs Barry, s'assimilent à Cisse.
Donc on en revient à la relativité de la question d'appartenance des patronymes. »
category: