Selon une source proche de la Présidence de la république, le président Mohmed Ould Abdel Aziz quittera Nouakchott demain pour prendre part au sommet Inde/Afrique, qui se tient cette semaine à New Delhi, du 26 au 29 octobre.
Pour le Président mauritanien, comme pour ses pairs africains, cette rencontre présente beaucoup d’intérêt. Et pour de nombreux observateurs internationaux et géopoliticiens, son importance est encore plus grande pour le pays qui en a pris l’initiative. Elle est d’ailleurs la 2ème rencontre de son genre qu’il organise, en mettant cette fois-ci beaucoup plus d’engagement et de moyens..
En effet, l’Inde ne se contente pas de son rang de’’ pays émergent’’ acquis depuis plusieurs années. Consciente de ses atouts, sur le plan humain (1, 2 milliards d’habitants), économique et technologique, elle revendique sans complexe le ‘’statut’’ de grande puissance, à l’instar des cinq membres permanents du Conseil de sécurité qu’elle cherche à intégrer. Mais ses rivaux ne voient pas d’un bon œil ces ambitions, particulièrement ses deux grands voisins proches, et adversaires de toujours: la Chine et le Pakistan.
Comme toutes les autres puissances émergentes ou grandes puissances classiques, New Delhi fait de ses rapports avec l’Afrique un axe essentiel de sa politique étrangère. Elle prend part à la course mondiale vers les potentialités économiques que recèle ce continent : matières premières, marchés… Pour ce faire, elle développe un discours alléchant en direction des Africains.
Selon le site, ‘’Le Monde.fr’’, ‘’l’Inde cherche à se démarquer des autres puissances, en offrant à l’Afrique un partenariat de « développement », fondé sur le « respect mutuel ». Le premier ministre indien, Narendra Modi, a d’ailleurs précisé que ce dernier n’était pas à « sens unique », et que son pays avait aussi beaucoup à apprendre des « nombreuses réussites en Afrique », (http://www.lemonde.fr/international/article/2015/10/26/l-inde-courtise-l...).
L’Inde a fait du succès de cette rencontre un enjeu stratégique. Elle y ‘’a mis le paquet’’ d’après Jeune Afrique :
‘’La diplomatie indienne a mis le paquet. Contrairement aux deux précédents sommets (à New Delhi en 2008 et à Addis-Abeba en 2011), tous les chefs d’État et de gouvernement du continent ont été conviés. L’Inde a, de plus, court-circuité l’Union africaine, son interlocuteur privilégié jusque-là, en allant remettre ses invitations directement’’, (http://www.jeuneafrique.com/mag/274419).
La vision stratégique indienne à l’égard de l’Afrique n’est pas sans lien avec les rivalités et concurrences qui l’opposent depuis toujours à son grand voisin, du nord : la Chine.
De leur côté, les pays africain cherchent, chacun à son niveau individuel, de fructifier leurs relations avec ces deux grandes puissances de l’Asie. Dans le cadre de ce jeu géopolitique, les dirigeants mauritaniens veulent, eux aussi, tirer des bénéfices. Pour cela, ils sont amenés à jouer à ‘’l’équilibriste’’ dans les relations diplomatiques avec l’un qu'avec l’autre.
C’est vrai cependant que, depuis Moktar Ould Daddah, le Président fondateur de la mauritanie et ses relations avec la Chine, la coopération avec le grand ‘’Dragon chinois’’ montre plus de signes de force.
La dernière visite en Chine de Ould Abdel Aziz au mois de septembre dernier, à la tête d’une forte délégation, et les contrats signés entre les deux parties à cette occasion le montrent : durant les échanges de discours, et lors des réunions en commissions bilatérales, et dans les déclarations communes, les deux parties ont toujours souligné que cela s'inscrit dans l’évolution historique normale des bonnes relations entre les deux pays. Mais d’un autre côté, la participation actuelle du Président mauritanien à ce 3ème sommet Inde/Afrique constitue un message d’amitié fort en direction de New Delhi. Comment est-ce que cette dernière va s’en saisir ?
Cela dépendra aussi de la partie mauritanienne. Mais dans le cadre des efforts entrepris aujourd’hui par ce pays pour diversifier ses partenaires, un géant comme l’Inde ne doit pas continuer à être négligé. En s’y rendant demain, le président Aziz est manifestement dans cette logique. Mauriacu.