La priorité des priorités pour le futur président mauritanien : la paix, le grand acquis à préserver !

« La démocratie, disait Churchill, est un mal mais c’est le moindre mal ». Le monde libéral optait pour le système démocratique, jamais comme remède à tout, jamais pour une répartition équitable des moyens et des libertés entre les citoyens. La démocratie en garantissant la libre expression des besoins et des aspirations des citoyens garantit la stabilité du système capitaliste en permettant aux gouvernants un suivi permanent plus ou moins rationnel et objectif des tendances des opinions pour leur permettre de continuer à jauger et à réajuster à chaque fois leurs politiques et d’éviter au maximum de malheureuses surprises dans l’évolution des événements. Chez- nous, et dans bien d’autres pays semblables, on a généralement tendance à considérer la démocratie comme un moyen miracle qui permettrait de régler l’ensemble de nos problèmes. Pourtant nos élites politiques sont en parfaite connaissance des limites du système démocratique. N’empêche que nos candidats à nos diverses élections nous promettent tout ce que nous désirons. Et à force de nous répéter les mêmes promesses on finit souvent à y croire, mêmes les plus intellectuels d’entre nous. A titre d’exemple, nous savons que la démocratie américaine, le système démocratique de référence, n’a pas réussi à résoudre les problèmes des minorités aux USA. C’est le cas notamment des noirs ou afro-américains, les latinos et autres groupes ethniques comme les poches restantes des communautés autochtones indiennes, survivants des génocides des colons européens. En Europe, la marginalisation de grandes communautés, la communauté musulmane en particulier qui comptait plusieurs millions, alimente une vague de terrorisme sans précédent. Dans les stades européens et dans les rues parisiennes la muticulturalité saute aux yeux alors que les institutions sont exclusivement « indoeuropéens » comme on se plait à s’appeler. Pourtant, les gouvernants, tous en conviennent. Pourquoi, justement, ils ne se mettent pas à chercher la solution là où réside le mal ? La réponse est très simple : ils ne peuvent pas. Et pourquoi ils ne peuvent pas ? Et bien parce qu’ils ne sont pas là pour chercher des solutions sérieuses à ce genre de problèmes. Ils n’ont pas été élus pour ça. Ils étaient élus, à l’aide de l’argent des grandes richesses du système, uniquement pour préserver les avantages et les intérêts de celui-ci. Chez- nous, la question qui se pose alors : pourquoi s’attendre à ce que les pauvres candidats de nos pauvres pays fassent des choses que leurs maitres toubabs ne peuvent pas faire chez eux ? Comme en Europe, les candidats peuvent être repartis en deux catégories : les candidats issus du système et les candidats venant de ses périphéries. Les premiers bénéficient généralement de l’argent et des moyens illimités des potentats du système. Les candidats des périphéries souffrent souvent du manque du minimum pour faire entendre leur message dans les milieux susceptibles à son écho. Comment voulez vous que les (relativement pauvres) candidats de notre pauvre système d’aspirations capitalistes (sans perspectives prévisibles de le devenir un jour), s’aventurent dans la réalisation de promesses électorales sans le consentement du système qui les a présentés ? A titre d’exemple, encore une fois, pourquoi la Mauritanie de 1961 exporte intégralement son minerai de fer à l’état brut et la Mauritanie de juin 2019 fait exactement la même chose ? Tout indique que tout gouvernement mauritanien qui se permette d’y penser, même dans son sommeil, y laisserait sa peau. Les hommes de notre « tribalo-capitaliste » système sont parfaitement conscients de ce fait. De même qu’ils sont conscients de conserver le statut quo des fondements de l’ordre social établi sur cet espace semi-désertique dénommé par Xavier Coppolani : la Mauritanie. Par contre il existe bel et bien d’autres terrains sur lesquels nos honorables candidatas peuvent opérer plus librement. Nous avons surtout la question qui polarise l’attention de tous depuis bientôt plus d’une décennie : la paix dans la sous-région. Tous les intérêts, intérieurs et extérieurs, convergent là-dessus. La PAIX, l’unique question qui fait l’affaire de tous, et il faut absolument le reconnaitre, constitue incontestablement le grand acquis à comptabiliser pour le compte du gouvernement mauritanien sortant. Au tout début les mouvements terroristes misaient énormément sur la fragilité de la Mauritanie. Raison pour laquelle ils avaient axé leurs premières attaques sur elle pour éventuellement s’en servir comme arrière pour leurs actions dans toute la sous-région. Ils avaient vite déchanté. En dehors de la volonté et de la détermination des autorités mauritaniennes, civiles et militaires, les observateurs les plus avertis n’arrivaient pas à trouver aucune explication plausible à cette exceptionnalité mauritanienne. Convenez avec moi que si la Mauritanie avait basculé dans la zone de turbulence il y’aurait peu de chance qu’on soit là aujourd’hui en pleine débat démocratique et dans une grande sérénité dans la perspective d’une présidentielle dans moins de deux semaines. Cet aspect des choses est à prendre pleinement en considération avant qu’il soit …

Ahmed Salem Elmoctar-Cheddad

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