La bru de Hatouma : à la recherche d'un nom pour des fiançailles...

Hatouma se décharge du fagot de bois qu'elle portait juste à côté de l'emplacement qui tenait lieu de cuisine. C'était en fait un petit cercle délimité par des cailloux placé là depuis fort longtemps, du temps où, probablement sa belle mère avait pris ses "fonctions", quand elle rejoignit son foyer. 
Elle venait des champs situés de l'autre côté de la rivière qui, en réalité, tenait lieu de frontière entre deux états. Pour les habitants de ce village, cette frontière n'avait aucune signification puisque de part et d'autres, se trouvaient des familles qui n'en faisaient qu'une. Et d'ailleurs, même les deux villages des deux côtés portaient le même nom. On les distinguait seulement en ajoutant "Nord" ou "Sud", ou le prénom du chef de village. Ainsi, même les champs étaient exploités par les mêmes familles et on allait d'un côté ou l'autre selon les saisons. En revenant donc des Champs, on empruntait la pirogue, navette commune aux deux villages. 
En arrivant sur la berge, Hatouma vit que celle-ci se trouvait de l'autre côté. Alors, en attendant que quelqu'un la lui amène, elle prit son bain et intima à son petit garçon de sept ans qui l'avait accompagné d'en faire autant. Il faisait chaud ce jour là, et ce bain lui avait fait du bien.
En déposant son fagot, elle dit, à l'adresse de la femme assise sur la claie :
- An kiraa jam mbaaye? (As-tu passé une bonne journée ma tante?)
En fait, c'était sa tante, soeur de son père, mais aussi sa belle mère.
- Nawaari, Soukho. Répondit la tante. ( Bonne arrivée, Soukho.) Puis elle ajouta:

- Moussoun nan gara! ( nouvelle contre cadeau)
Hatouma se tourna vers elle, forçant un sourire malgré la fatigue, sachant qu'en général c'est une bonne nouvelle qui est au bout. Alors elle dit:
- Eh, mbaaye, nda moussou kiyee. ( Eh ma tante, je t'offre un melon. 
La tante essaya de négocier pour avoir mieux, mais la jeune femme n'avait que ça. Alors elle céda:
- Khoumba jiidi... (Khoumba a eu un bébé.)
Khoumba, en Soninke, c'est la deuxième fille de la famille. Les peules l'appellent Coumba. Elle vient après la Sira et avant la Penda, et la Tacko. La même hiérarchie existe chez les garçons qui ont le Hamady ( Ainé, Sooma ou afoo), Samba, Demba, Pâté, Yero, etc jusqu'au Benjamin qui est Kodda ou Lagaree.
Hatouma lui sauta au cou en criant de joie. Khoumba, c'était sa soeur cadette, mariée il y a un an à un de ses cousins du côté de sa mère. La question qui lui vint tout de suite à l'esprit comme dans pareils cas est de savoir le genre du nouveau venu. 
Sa tante lui répondit que c'était une fille et ajouta aussitôt:
- Anda kallu yakhare kita. ( Tu as reçu une bru )
Hatouma se leva et se précipita chez ses parents où se trouvaient sa soeur et son bébé. Il est de coutume que pour les primipares, les femmes reviennent au près de leur mère deux à trois mois avant les accouchements, les jeunes mères manquant d'expériences. 
Elle se précipita dans la case, embrassa sa soeur, prit le bébé et, machinalement, verifia l'information reçue de sa tante. En effet, c'était une fille. Rassurée et contente, elle formula ses voeux de prompt rétablissement pour la mère, de longue vie et bonne santé pour l'enfant et ajouta:
- Keeken kee Khoumba, kee ni ntappeen ya. Nda ke raga Maadou da ( pour celle-là Khoumba, je mets ma marque et la réserve pour mon fils mon fils Maadou.) C'était le petit garçon ol n de sept ans qui trotinait à côté d'elle en revenant des champs. Des fiançailles viennent d'être annoncées, des fiançailles que plus personne ne pourra remettre en cause, même pas les intéressés. 
Beaucoup de mariages de chez nous viennent de là, mais aussi d'autres procédures, que nous aurons le plaisir d'énumérer prochainement. mais le plus souvent, ce sont les cousins qui épousaient les cousines, qu'ils se choisissent librement entre eux ou que ce fut les choix des parents, c'était en général la règle. 
La question du jour est:
Comment appelle-t-on cette procédure en Soninke et Pular?

Bakary Waiga

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