Idoumou Mohamed Lemine Abass assume: "J'écris pour mon pays".

J’ÉCRIS POUR MON PAYS;

J’écris donc pour l’étoile d’or posée au cœur du croissant qui baigne dans le verdoyant azur.
J’écris pour les dunes d’ambre incrustées de perles anthracite ; palimpsestes du Temps.
J’écris pour l’odeur de sable mêlée aux parfums des acacias séculaires mouillés par les premières gouttes de pluie après un été caniculaire.
J’écris pour la brise de mer et pour le vol des flamants roses et des goélands.
J’écris pour la terre qui me fait moi et fait mes joies.
J’écris pour le vent qui, tous les matins, efface les rides des grands ergs et tous les soirs les récrit d’une calligraphie nouvelle, comme un amant scande sans se lasser les beautés de celle dont il est épris.
J’écris pour la chanson première ; celle que chantent les oasiennes au moment de leur nubilité ; celle que danse la lumière des filles d’ébène ; celle qui ne doit jamais être oubliée. 
J’écris pour la parole du Livre et pour la tablette noircie de signes hiératiques.
J’écris pour les poèmes qui fusent dans le secret des cœurs pris d’amour.
J’écris pour chaque page écrite entre deux transhumances et pour chaque page lue à la lumière d’un feu de bois fumant. 
J’écris pour un peuple mien, au milieu duquel je me sens moi.
J’écris pour mon pays ; 
Pour les yeux larmoyants de ses enfants qui ne vont pas à l’école ;
Pour les souffrances de ses malades qui n’ont de remède que trépas ; 
Pour ses hommes pliés aux servitudes d’aujourd’hui ; 
Et pour ses mères qui pleurent leur progéniture en lui donnant naissance.
J’écris pour la Mauritanie qui me fait moi, et me fait peine.

IDOUMOU, Juin 2017

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