Par rapport à 2021, la situation sécuritaire au Sahel ne s’améliore pas. Au contraire, au cours de l’année écoulée, elle s'est globalement degradée dangereusement, selon l'Institute for Economics and Peace (IEP). Ce think tank vient de publier son rapport annuel, ‘’Global teroorism index’’ (GTI), sur la menace terroriste dans le monde.
Deux reculent, trois stagnent…
En comparant le GTI 2023 avec celui de l’année écoulée, on constate que deux membres fondateurs du G5 Sahel ont reculé dans le classement mondial : le Burkina Faso et le Mali, passant respectivement de la 4ème place à la 2ème et de la 7ème à la 4ème. Les trois autres pays stagnent : le Niger et le Tchad conservent leurs positions : 8ème pour le premier et 19ème pour le second ; tandis que que la Mauritanie gagne trois places, passant de la 84ème à la 87ème, et demeure largement la mieux classée parmi les cinq pays. Elle est toutefois encore loin de la très bonne position qu’elle a occupée depuis 2017 avant qu’elle ne dégringole de 51 places dans le GTI 2021.
Un recul subit qui s’expliquerait par un manque de rigueur de notre part quant au choix des éléments de langage lors d’un acte de communication opérationnelle relatif à la neutralisation de trafiquants de marchandises dans le nord du pays, où les autorités avaient parlé de ‘’bande armée ennemie’’. Et il est à craindre que notre pays dégringole, encore plus gravement dans le GTI 2024 qui sortira dans un an. Ce serait une conséquence logique des opérations et bilans liés à l’évasion des quatre terroristes au début du mois courant, de la prison centrale de Nouakchott, et à leur neutralisation.
La Mauritanie de plus en plus menacée
Par ailleurs, le GTI 2023 souligne que la menace terroriste au Sahel ne recule pas et qu’elle se complexifie. Car, explique le rapport, banditisme et criminalité organisée ne s’en mêlent pas seulement comme souvent. Mais pire : pas mal de bandits épousent l’idéologie ‘djihadiste’ sans qu’ils ne renoncent à leurs activités criminelles qu’ils continuent de pratiquer en légitimant leurs forfaits par un habillage politico religieux. Et le discours violent qu'ils véhiculent reçoit une audience non négligeable.
La Mauritanie n’est pas à l’abri d’une telle menace ou d’autres formes de terrorisme. Le risque est d’autant plus sérieux que l’évasion des terroristes susmentionnée et leurs modes opératoires révèlent une préparation minutieuse qui laisse penser qu'ils ont bénéficié de complicités actives, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Certainement l’analyse de l’évènement conduira à des révisions et améliorations sensibles des dispositifs de défense et de sécurité dans le pays. En tout cas il s'agit d'un impératif national.
Colonel (e/r) El Boukhary Mohamed Mouemel
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