JA- Ce sont finalement 2,4 milliards d'euros qui ont été promis par les bailleurs de fonds aux pays du G5 Sahel. Un programme d'urgence de 260 millions d'euros sera destiné à l'hydraulique, à la gestion des conflits intercommunautaires et à la sécurité intérieure. C’est à bon droit que le président nigérien Mahamadou Issoufou, aussi président en exercice du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), s’est félicité que « la totalité des besoins que nous avions exprimés ont été couvert par nos partenaires », le 6 décembre à l’issue de la conférence avec leurs bailleurs de fonds, organisée à Nouakchott. Il était attendu 2 milliards d’euros de dons et de prêts pour 40 projets de développement dans les cinq pays ; il en a été promis 2,4 milliards de 2019 à 2021.
La conférence a entendu une longue litanie de promesses plus ou moins précises ouverte par le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani, suivi du commissaire européen à la coopération internationale, Neven Mimica, et du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Tous les intervenants ont convenu que l’action militaire ne suffisait pas pour rétablir la paix dans le Sahel et que des politiques vigoureuses de développement devaient être menées pour venir en aide à des populations pauvres et couper l’herbe sous les pieds des jihadistes. Pour les uns, la priorité doit être donnée aux infrastructures ; pour d’autres, à l’irrigation et à la santé ; pour d’autres encore, au bon fonctionnement d’une vraie justice. « Résilience » et « confiance »
« Résilience » et « confiance »
À la suite du secrétaire permanent du G5 Sahel, Maman Sambo Sidikou, ce sont les mots « résilience » et « confiance » qui ont été les plus employés. « Résilience », parce que les populations rurales et nomades qu’il s’agit de soutenir sont souvent à la limite de la survie et qu’il faut leur donner les moyens de résister aux aléas climatiques. « Confiance », parce qu’elles doutent de la capacité des autorités à leur assurer les services publics essentiels et qu’il s’agit « de passer avec elles un nouveau pacte ».
54 % des sommes promises proviennent de l’Alliance pour le Sahel
Les 2,4 milliards d’euros promis proviennent pour 1,3 milliard d’euros de l’Alliance pour le Sahel (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, RoyaumeUni, plus la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, le Pnud et l’Union européenne). Le reste a été promis par la Suisse, la Suède, la Finlande, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l’Organisation de coopération islamique notamment. Il est convenu que cet argent sera dépensé vite et dans les zones les plus en difficulté à savoir les frontières communes : entre la Mauritanie et le Mali ; entre le Mali, le Burkina et le Niger ; entre le Niger et le Tchad. Pour réaliser le plus rapidement possible les projets qui concernent la sécurité, la gouvernance, les infrastructures et le développement humain, un programme « d’urgence » a été décidé qui visera le quotidien des Sahéliens à savoir l’hydraulique, la gestion des conflits intercommunautaires et la sécurité intérieure. L’Alliance pour le Sahel a d’ores et déjà promis 260 millions d’euros pour ces chantiers relativement modestes mais qui amélioreront significativement le quotidien des Sahéliens. Et pour que ce plan de développement ne souffre pas des lenteurs que connaît le déblocage des 414 millions d’euros promis en février 2018 à la Force armée conjointe du G5 Sahel, il a été décidé de mettre en place un mécanisme de suivi pour surveiller la mobilisation des fonds et leur emploi. Au cours de la conférence de presse qui a clos la conférence de Nouakchott, le président Issoufou a déclaré que la force conjointe était « quasi-opérationnelle » et qu’elle allait mener des opérations dans les prochaines semaines. Il a aussi affirmé qu’il « n’y aurait pas de stabilisation au Sahel tant que persisterait le chaos libyen » et pressé « la communauté internationale de trouver une solution à celui-ci ».
Alain Faujas
Source: Jeune Afrique
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