Crise ukrainienne : Encore mes doutes, et toujours mes doutes

Deux idées m’animaient, en matière de géopolitique. Depuis ce matin, elles suivent deux trajectoires à la fois opposées et chancelantes : l’une prend un sérieux coup, l’autre se renforce, sans toutefois balayer les doutes qui affectent souvent mes certitudes.

Je croyais que l’ère de la guerre conventionnelle était révolue. En attaquant l’Ukraine, la Russie vient de nous rappeler qu’il n’est est rien. Les Etats vont toujours se battre les uns contre les autres.

Par la même occasion, Valdmir Poutine vient de mettre à nu les faiblesses de l’Occident, me réconfortant dans mes sentiments de prudence en matière de stratégie d’alliance : pour nous défendre, ne comptons pas trop sur la puissance des pays occidentaux. Leurs poids et leurs capacités d’influence géopolitique reculent sur la scène internationale. Ils sont désormais incapables de protéger leurs alliés et amis. Ils restent cependant aptes à gesticuler, à brandir ou imposer des « sanctions économiques ou diplomatiques ».

Seulement, la situation est changeante, les tendances sont imprévisibles. Hier, la Russie était en déclin suite à l’éclatement de l’URSS. Il y’a quelques années, personne ne la voyait revenir si fortement sur la scène internationale comme elle fait aujourd’hui. La Chine, son grand ennemi et rival idéologique d’hier, devient son ami. Jusqu’où ira l’alliance entre les deux pays ? Comment sortira la Russie de cette guerre : rapidement, tête haute, ou plutôt va-t-elle s’enliser en Ukraine ? Les souvenirs de la mésaventure militaire de l’URSS en Afghanistan durant dix ans, de 1979 à 1989, reviennent à l’esprit. Poutine arrivera-t-il à atteindre ses objectifs géostratégiques et réussir, ou se cassera-t-il la figure à l’instar de l’empire soviétique ?

La Chine devra à son tour mettre en œuvre sa puissance militaire énorme. Quand et comment ? Contre Taiwan ? Peut-être. Elle a aussi d’autres cibles : en mer de Chine orientale, les îles Senkaku sont dans sa ligne de mire. Elle les dispute avec le Japon qui l’avait envahie en 1931. Depuis, cette occupation n’a jamais été soldée côté chinois. Pékin prendra-t-elle sa revanche en envahissant carrément les îles Senkaku ? En tout cas, elle en a les moyens militaires, et ce n’est pas l’ambition géopolitique qui lui fait défaut.

Avec sa superpuissance militaire débordante et celle de la Russie, son allié du moment, une recomposition du paysage géopolitique mondial est en cours.

 Quelles en seront les conséquences ? Reviendront-nous à la bipolarité "Est/Ouest" ? Certainement pas.

 Les puissances occidentales recouvreront-elles leurs poids d’antan ? Difficilement.

Des puissances nouvelles émergeront-elles ? Probablement.  

Lesquelles et quand ? Je regarde, du côté de l’Afrique et du monde arabe, pour déceler des éléments de réponse à la question. Je n’en vois pas, et mon regard s’en détourne vite pour observer dans d’autres directions où se croisent tous les continents et tous les pays :

Et si d’autres phénomènes inattendus survenaient et remettaient tout en cause ? Par exemples : des surprises gravissimes, environnementales ou épidémiques, des catastrophes technologiques ?

Mais il y aura peut-être pire pour l'humanité. Quoi ? Je ne saurais le dire : menteur qui prédit un avenir totalement imprévisible.

El Boukhary Mohamed Mouemel

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