Chaque fois que le nombre d'infections quotidiennes diminue, bon nombre de nos citoyens mauritaniens éprouvent de la joie et du bonheur, estimant que cela témoigne du déclin de l'épidémie et, donc, de sa disparition. Or, si la diminution du nombre des cas de contamination s’accompagne d’une diminution du nombre d'examens, cela ne veut pas dire qu’il y a forcément une baisse du taux de positivité ... Le dernier bilan épidémiologique quotidien l’illustre assez bien.
Une positivité trop élevée ... et peu de tests de dépistage ...!
Selon le bilan de ce jour, jeudi 20 août 2020, le nombre de nouvelles infections à la covid 19 atteint 19 cas, qui ont été enregistrés par le ministère de la Santé après avoir réalisé 256 examens, dont 34 de suivi. Soit une positivité légèrement supérieure à 13% (= 13,06%).
En effet, par rapport au résultat d'hier, on constate que le nombre des contaminés est passé de 43 à 19, comme évoqué plus haut. Cependant, cela ne doit pas nous nous rassurer, car le pourcentage des tests positifs a augmenté de : 1,15 points ; un taux préoccupant ! Et le chiffre reflète assez bien la gravité de la situation épidémiologique dans notre pays : la positivité y est trop élevée ; car elle dépasse dans la plupart des cas 10%, sachant que de nombreuses sources spécialisées mentionnent qu'un taux positif supérieur à 2% constitue un indicateur épidémique inquiétant.
Le nombre des examens a également considérablement diminué. Le résultat quotidien précédent est de 412 tests, dont 51 de suivi.
L’OMS s'inquiète de la faiblesse quantitative des tests de dépistage en Afrique...!
Il est évident que le nombre des cas de contaminations quotidiennes, comme tout résultat statistique, a une corrélation directe avec la quantité et le type de techniques ou moyens utilisés pour les obtenir. C'est-particulièrement vrai quand il s’agit du nombre d'examens et leur efficacité, déployés pour détecter et suivre l’évolution des épidémies. Par conséquent, si le nombre d'examens diminue et s'accompagne d’une baisse des chiffres d'infections, cela ne fournit pas nécessairement des indications sur la baisse de l'épidémie, mais plutôt une faiblesse quantitative des moyens utilisés pour détecter la maladie. C'est le principal défaut dont souffrent les pays africains dans leur réponse à la pandémie de Coronavirus, selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé).
L’institution sanitaire onusienne a déclaré, et répété, que les statistiques épidémiologiques disponibles sur notre continent ne reflètent pas la réalité de la propagation de la pandémie en raison du la trop faible quantité des tests de dépistage effectués. Elle a exhorté les Etats à redoubler d’efforts afin de combler les lacunes majeures des stratégies suivies jusqu’à présent dans ce domaine.
La Mauritanie, pour plus de persistance et de continuité ...
En convergence avec l’OMS, le président mauritanien, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a donné l’exemple en donnant ses instructions lors du Conseil des ministres du 18 juin afin d’intensifier les tests de dépistage de Covid-19. Leur quantité a en fait considérablement augmenté, dépassant parfois 2500 examens par jour, selon les chiffres donnés par le rapport de situation quotidien émis par le Ministère de la Santé le 22 juin 2020 ; soit quatre jours après les instructions du président Ghazouani. C'était durant la période précédente où les mesures de précaution et leur respect ont atteint leur apogée dans le pays.
Par contre, nous assistons depuis quelque temps à une baisse alarmante du nombre des tests de dépistage quotidiens et à un désintéressement quai total par rapport aux mesures préventives. Cette situation, inacceptable et dangereuse, doit changer rapidement. Cela est d’autant plus impératif que nous sommes à la veille de la réouverture des écoles. Une reprise des activités scolaires prévue pour le début du mois prochain sur toute l’étendue du territoire nationale ; c'est-à-dire dans une dizaine de jours.
Reprise des activités scolaires : revoir en profondeur notre vision sanitaire ...
En prévision de ce grand rendez-vous très proche, qui verra des rencontres massives et nombreuses dans tout le pays, d’enfants et de jeunes, nous devons penser dès à présent aux impacts négatifs et préjudices que cela pourrait engendrer en termes de propagation de l’épidémie et agir en conséquence.
Pour y faire face, il est en effet impératif pour nous d’avoir une vision sanitaire prévenante et efficace. Il ne s’agit pas de faire l’impossible, mais plutôt d’une approche simple, comme on en voit un peu partout dans les autres pays. Elle permettra de mobiliser et de mettre en œuvre des moyens et des ressources à même d’empêcher nos enfants de devenir des véhicules et distributeurs actifs du virus Covid 19 parmi leurs familles et au sein d’autres populations. Evidement qu’avec le seuil de contamination actuel dans le pays, les trains de mesures de protection envisageables ne seront pas hermétiques. Ils serviront cependant de remparts capables de réduire les risques. Leur porosité sera d’autant plus faible si nous mettions à profit les jours qui nous séparent encore de la réouverture des classes. Dans cette perspective, un effort tout particulier doit être entrepris pour combler nos insuffisances et lacunes, notamment en matière de dépistage. Des techniques et beaucoup de moyens supplémentaires doivent être mobilisés et mis en œuvre pour intensifier les tests, conformément aux recommandations de l’OMS et en application des instructions de Son Excellence le Président de la République.
Deux mesures urgentes : ...les centres de dépistage militaires et le point de presse quotidien !
Bien que je n’ai, ni les connaissances techniques, ni les compétences professionnelles, en la matière, je vais émettre un souhait sous forme de question concernant un point très précis de notre stratégie des moyens en matière de dépistage. Et je dois même y insister : pourquoi est-ce que l’on ne réactive pas et renforce tous les centres de dépistage de covid 19 que l’armée a mis en place il y a trois mois environ !
Je souligne au passage que les chiffres de l’épidémie ont beaucoup augmenté depuis, ainsi que et les clusters (foyers de contagion), comme leur étendue géographique qui touche désormais sensiblement toutes les moughataa (départements) du pays.
Il est également impératif que notre politique d’information et d’éducation sanitaires change. Elle est le socle de toute action de prévention contre le coronavirus. La nonchalance actuelle et la routine dans ce domaine, doivent céder la place à une stratégie de communication et de sensibilisation, dynamique et créative. Comme cela a été le cas d’une certaine manière au début de la pandémie.
La reprise du point de presse quotidien nous semble aller dans ce sens. Sa suspension a dû dérouter pas mal gens. Ils ont cru y percevoir un signal indiquant la fin de l’épidémie et/ou la fin des risques sanitaires inhérents. Une fausse illusion extrêmement dangereuse !
Elle doit être immédiatement corrigée et ses mauvaises conséquences traitées par tous les moyens possibles, y compris la reprise du de point de presse quotidien. Et à l’avenir il y a lieu d’éviter tout ce qui pourrait provoquer des complaisances ou des confusions dans la lutte contre l'épidémie.
El Boukhary Mohamed Mouemel (un parent d’élèves)
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