Coup de semonce / par: Mohamed Salem Elouma Memah

On commençait à s’endormir sur nos lauriers, bercés par l’agréable air de la victoire remportée sur la première attaque du coronavirus quand, soudain, la pandémie passa à la vitesse supérieure. Il ne s’agit plus de cas isolés débarquant ou s’infiltrant de l’extérieur, mais d’atteintes qui couvaient au sein de la population. En dix jours, quatre décès et une bonne centaine de contaminations ont été relevés.

Les gens se perdent en conjectures pour déterminer la cause de cette flambée contaminatrice du covid -19. C’est une question qui doit intéresser les autorités, chargées d’y remédier à l’avenir, plus que le commun des mortels. En l’absence de connaissances scientifiques permettant de cerner le comportement du virus, le monde de la biologie et de la santé court derrière des hypothèses de travail, en vue de mettre au point une stratégie de contre-attaque. 

Pour l’instant, les spécialistes s’accordent sur une conduite d’endiguement, articulée autour de trois mesures préventives : le port du masque, le respect d’une distance de plus d’un mètre entre les personnes et le lavage des mains au savon régulièrement. Si ces mesures sont bien observées, le virus aura peu de chances de se répandre et pourrait même s’auto-éteindre, faute de vecteur de transmission. Sommes-nous capables de relever ce défi ? En tout cas, le coup de massue de ces derniers jours résonne comme un coup de semonce. Il est peut-être providentiel, dans la mesure où beaucoup d’entre nous avaient besoin d’être fortement secoués pour ouvrir les yeux sur les réalités. 

Face à cet assaut d’envergure, l’Etat a renforcé sa stratégie de protection et de réactivité. D’un côté, le ministère de la Santé a mis en branle des mécanismes opérationnels pour le pistage de tous les contaminés potentiels, le dépistage plus rigoureux du virus et la prise en charge du grand nombre de cas mis en quarantaine. De l’autre côté, l’Armée a été plus largement impliquée, comme dans d’autres pays, pour une meilleure application des restrictions sur les déplacements entre les Wilaya et aux frontières, de même que pour l’appui et le désengorgement des structures d’accueil médicales. En plus, des dispositions de sécurité ont été introduites pour faire respecter les mesures barrières dans les principaux points de regroupement. 

Ce dispositif a été érigé afin de contenir les risques de propagation du virus, sans avoir à restaurer un confinement drastique de nature à mettre en péril les activités économiques qui procurent à bon nombre de citoyens leurs moyens de subsistance. Il reste que l’essentiel de l’effort doit venir de la population qui constitue la pierre angulaire de tout l’échafaudage préventif. Il a été remarqué que le port du masque ou du turban a connu certains progrès, mais le menton est souvent plus protégé que les voies respiratoires. Le rôle des sensibilisateurs engagés est de poursuivre leur action en vue de résultats meilleurs, y compris par la sensibilisation de proximité, susceptible de produire un effet de boule de neige. 

 Il y a quelques voix qui minimisent les effets de la pandémie et d’autres qui vont jusqu’à mettre en question la problématique tout entière. Cela découlerait, de la part de ceux qui sont animés de bonnes intentions, du souci d’éviter un accès de panique. C’est compréhensible, mais à voir le comportement du public sur le terrain, on sent plutôt la nécessité de prescrire des surdoses qui frisent la dramatisation pour espérer aboutir à un niveau de conscientisation moyen. Prêcher la démobilisation dans les oreilles d’un public largement acquis à l’insouciance et au laisser-aller est inévitablement contre-productif. 

On ne peut que déplorer, dans ce cadre, le fait que la plupart des médias privés, notamment dans la sphère électronique, aient brillé par leur absence sur le champ de la sensibilisation. On en a vu, au contraire, qui relayent des bobards et des analyses tendancieuses visant, délibérément, à créer le doute dans les esprits et à fissurer le front unitaire contre la pandémie. Je ne vois pas comment ces médias seraient-ils en droit de bénéficier du fonds public d’appui à la presse, donc de l’argent du peuple, quand ils ignorent royalement les besoins en information objective et en sensibilisation face à un danger pandémique qui guette la vie des citoyens. 

 

 

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